La secrétaire d'Etat française chargée de la Politique de la ville promet de revenir en février prochain pour débattre des problèmes de la jeunesse. Les habitants du quartier de Bab El Oued se sont réveillés, mardi, surpris de trouver leurs rues propres. Et pour cause, la présidente de l'association «Ni putes ni soumises», Fadéla Amara, et néanmoins secrétaire d'Etat française chargée de la Politique de la ville, s'est rendue sur les lieux. Elle a eu des entretiens avec les membres de l'association de proximité SOS Bab El Oued, pour la culture et la citoyenneté. Accueillie avec des youyous, Fadéla Amara, qui a déclaré être avant tout une femme profondément française, mais aussi kabyle et arabe, s'est longuement attardée sur le rôle de la femme dans l'évolution de la démocratie. Rappelant ses origines de «fille d'un immigré algérien ouvrier», Fadéla Amara a tenu à préciser qu'elle demeure une «femme militante de gauche qui se bat contre les islamistes pour l'instauration d'un Etat de droit et un statut de la femme basé sur l'égalité». «Je suis la fille de Zouina et Salah», clame-t-elle. «Mon parcours n'est pas dû au hasard. Je le dois à la détermination et aux valeurs que mes parents m'ont transmises. Cette notion du nif transmise par mon père...», dira-telle toute fière. Fadéla Amara se dit très attachée à l'héritage de la Révolution qui prône la liberté, l'égalité et la fraternité entre Français, mais aussi aux autres apports, notamment des pays de l'Orient qui constituent un véritable héritage pour l'humanité. Et c'est en ce sens qu'elle dénoncera aussi le système patriarcal qui tend à soumettre la femme en lui déniant toute liberté de pensée ou d'action. S'avouant comme sa grand-mère, jadis, fière et orgueilleuse, la ministre fera remarquer que «l'un des meilleurs remparts pour s'armer contre cette logique dominante est l'éducation. Je dirais aux hommes: faites attention à la manière dont vous éduquez vos enfants, et aux filles ne vous laissez pas approprier votre corps..». Fadéla Amara soulignera encore son engagement dans la lutte contre toute forme d'extrémisme. Evoquant sa lutte pour la liberté de la femme, elle avouera s'être sentie plus forte dans sa mission grâce aux mouvements de soutien qui émanaient, à l'époque, des associations féministes, durant la tragédie nationale. «Quand j'ai créé "Ni putes ni soumises", je me suis beaucoup reposée sur le combat des femmes algériennes, mais aussi tunisiennes, marocaines. Ce qui est valable pour l'Algérie est valable pour tout le continent africain, notamment dans la lutte contre les maladies. Mais il faut commencer par agir. N'attendez rien d'ailleurs! Je suis là pour vous dire, c'est bien et vous encourager à faire plus!». Faisant sienne la conception de Nicolas Sarkozy, Fadéla Amara dira qu'il faut «aller ensemble pour avancer». En dépit de certaines divergences politiques, Fadéla Amara est reconnaissante à Nicolas Sarkozy pour son soutien et aide dans le combat des femmes, notamment de la mort. Aussi, devenir ministre, après avoir décliné l'offre une première fois, est le meilleur moyen pour Fadéla Amara de mener son combat de femme française. «Le combat de "Ni putes Ni soumises" devait avoir une coloration politique. Il fallait être responsable et passer à l'action en tant que ministre.» Consciente aussi des problèmes des jeunes Algériens, elle promet de revenir au mois de février prochain pour débattre plus sereinement avec l'Association SOS Bab El Oued autour des questions de la jeunesse et de la formation pour les faire sortir de l'exclusion. Elle compte mener le même combat qu'elle mène dans les banlieues françaises. «Il y a des jeunes qui sont en train de crever là-bas.» conclut-elle.