La situation risque de s'aggraver d'autant que 400 mandats d'arrêt auraient été lancés. Dans une conférence de presse organisée, hier, au siège de SOS Disparus, le président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, Me Ali Yahia Abdennour, a présenté un rapport détaillé sur la situation des droits de l'Homme en Kabylie. Dans sa déclaration liminaire, le président de la Laddh a révélé, qu'en quinze jours d'affrontements, plus de deux cents arrestations ont été opérées, dont certaines ciblées et arbitraires. Des arrestations, souligne Me Ali Yahia, qui ont été suivies de condamnations à des peines allant de 4 mois à 1 an d'emprisonnement ferme. La situation risque de s'aggraver d'autant que 400 mandats d'arrêt auraient été lancés contre des animateurs des comités citoyens des différentes localités de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira et Sétif, ajoute l'ancien avocat. Me Ali Yahia précise que, de par ces violations au droit à la vie, le pouvoir algérien a violé les articles 2 et 3 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, les articles 2, 4, 6 et 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et n'a pas respecté le droit à la vie des personnes âgées de qu'on retrouve expressément énoncé dans l'article 6 de la Convention relative aux droits de l'enfant. Il ajoute en outre que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, au paragraphe 2 de son article 4 et le principe 8 des principes de base sur le recours à la force et l'utilisation des armes à feu par les responsables de l'application des lois, adopté par le huitième congrès des Nations unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants tenu à La Havane (Cuba) du 27 août au 7 septembre 1990, dispose qu'aucune circonstance exceptionnelle, comme l'instabilité de la situation politique intérieure ou tout autre état d'urgence, ne peut être invoquée pour justifier une quelconque dérogation au droit à la vie et à la sécurité de la personne. Devant cet état de fait, la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, qui se dit indépendante et apolitique, partisane lance un appel urgent au rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires pour que celui-ci intervienne en urgence et prenne toutes les mesures nécessaires en vue de prévenir de nouvelles violations du droit à la vie. D'ailleurs, la Laddh, considérée comme l'original de la Liddh, fait état de son rapport des droits de l'Homme de 87 exécutions arbitraires et des milliers de blessés des handicapés. La Ligue accuse les forces de l'ordre d'être coupables d'exécutions sommaires et de fusillades, puisque de nombreuses victimes ont été tuées d'une ou de plusieurs balles dans le dos. Elle accuse aussi les forces de l'ordre d'avoir recours à des armes de guerre (kalachnikov ou simonov) et à des snipers. Les forces de l'ordre sont rendues coupables dans le rapport de la Laddh de tortures, de mauvais traitements, de représailles et de vols. Comme elles sont accusées de destruction de biens, d'attaques et d'occupation d'hôpitaux. Me Ali Yahia a déclaré, en conclusion de ce rapport, que l'impunité érigée en système a favorisé l'extension de la violence, avant d'ajouter que le pouvoir ne considère pas ces manifestants comme ses enfants ou ses adversaires, il les considère comme ses ennemis. A ce propos, la Ligue appelle aussi la Commission des droits de l'Homme à faire en sorte que le rapporteur spécial assure le suivi des 82 exécutions arbitraires déjà transmises par la Ligue en novembre 2001, ainsi que sur les 7 dernières, selon les termes de la résolution de la Commission des droits de l'Homme 1996/76. Elle appelle surtout à soutenir les demandes de visite en Algérie des rapporteurs spéciaux sur les détentions arbitraires, le rapporteur spécial sur la torture et le groupe de travail sur les disparitions forcées, et surtout faire en sorte que le gouvernement algérien cesse de réprimer les populations civiles et respecte ses engagements internationaux.