L'ancien avocat du FIS revient à la charge pour défendre ses clients et dénoncer le mauvais traitement des chouyoukh. Malgré son âge et ses problèmes de santé, le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Me Ali Yahia Abdenour, n'a pas perdu de sa verve et de sa forte conviction pour dénoncer la banalisation de la violence dans le pays. C'est ce qu'il a tenu à expliquer dans une conférence de presse organisée dans les locaux de l'association SOS-Disparus. Dans un rapport remis aux journalistes, l'ancien avocat et défenseur infatigable de la question des droits de l'Homme a dressé un tableau noir de la situation politique et social du pays, analysant surtout les différentes questions relatives au droits de l'homme. Le président de la Laddh a indiqué que depuis 12 ans, la violence a entraîné la mort de 200.000 personnes, la disparition de milliers d'autres, et des violations massives des droits de l'Homme dont se sont rendus coupables les services de sécurité, des civils armés par les autorités et des groupes islamiques armés. Une situation qui a débouché, dit-il, sur une déliquescence des structures de l'Etat et une décomposition sociale qui n'a pas cessé de s'aggraver. Me Ali Yahia, qui définit la situation comme «un Etat de non-droit» proche de la barbarie, précise que ceci est placé sous le règne de l'impunité et du sentiment d'injustice qui grandit dans la société et qui alimente aussi bien le terrorisme que les conduites inciviques. Le président de la Ligue de la défense des droits de l'Homme a surtout insisté sur la présomption d'innocence rencontrée dans plusieurs cas. Et là, il cite l'exemple des personnes présentées comme des terroristes lors d'une projection privée au Palais de la culture en présence des journalistes et du corps diplomatique. «On ne respecte pas la présomption d'innocence dans la mesure où ces personnes n'ont pas été jugées», explique le défenseur des droits de l'Homme. Il indique que le pouvoir est revenu aux premières pratiques, quand il avait présenté à tout Algérien les révélations des auteurs de l'attentat de l'aéroport. «Des révélations qui ont été obtenues sous la torture et les menaces», précise-t-il. S'agissant de la violence qui sévit actuellement en Kabylie, le président de Laddh a indiqué que chacun a le droit de voter ou de ne pas voter, qu'il faut éviter la violence verbale et écrite, car cela engendre la violence tout court. Pour ce qui est du jugement de l'assassin du jeune Guermah Massinissa, il a indiqué qu'avant de juger l'auteur il faudrait penser à juger le véritable commanditaire de l'acte. Celui-là même qui a ordonné l'assassinat des dizaines de jeunes et enflammé une région qui était, jusque-là, un havre de paix. Me Ali Yahia a aussi sévèrement critiqué le ministre de l'Intérieur M. Zerhouni, indiquant qu'en éliminant des sympathisants du parti dissous, il s'inscrit en faux avec les lois du pays. Alors que ces derniers étaient amnistiés par la loi de la concorde civile. «Zerhouni doit appliquer la loi, or il est en train de faire sa loi», ajoute l'avocat, en critiquant sa gestion des dossiers des partis politiques du FD et du Wafa. Interpellé sur l'Etat de santé de Abassi Madani, l'ancien avocat du FIS a déclaré que sa résidence surveillée est illégale dans la mesure où elle n'est pas inscrite dans le jugement. «Après sa libération un militaire a griffonné avec un stylo sur le jugement ‘‘ne sortira pas, il ne parlera pas à la presse et il ne recevra pas de personnes étrangères à sa famille'', ce qui est totalement illégale puisque c'est le juge lui-même qui est habilité à prendre ces dispositions». Dans cette perspective, Me Ali Yahia affirme que la campagne présidentielle a déjà commencé et que le cas d'Ali Benhadj se posera avec acuité à ce moment-là pour servir certains candidats potentiels.