Les représentants du peuple appréhendent le risque d'un exode collectif des meilleurs professeurs et encadreurs universitaires vers les universités privées. Non à l'université privée. Les députés, toutes obédiences confondues, ont arboré, hier, un seul et même slogan, lors des débats du projet de loi modifiant et complétant la loi n°99-05 modifiée, portant loi d'orientation sur l'enseignement supérieur. Le projet qui prévoit, notamment la participation d'établissements privés à la prise en charge de la mission de formation supérieure, autrement dit la création des établissements universitaires privés, a été vivement critiqué par les formations politiques, arguant du fait qu'une telle décision risque fort de vider l'université algérienne de sa substance. Mme Louisa Hanoune du Parti des travailleurs, a demandé le retrait immédiat du texte: «Le projet constitue une provocation pure et simple pour la famille estudiantine qui est déjà en effervescence», soutient-elle. «Les enseignants et les étudiants souffrent des retombées de la loi 99-05 qui a prouvé son inefficacité. Au moment où nous nous attendions à la révision de ce texte, le gouvernement décide de le renforcer», fera-t-elle remarquer avant de rappeler que ce même projet a été présenté à la chambre basse, trois jours avant la fin du mandat de la cinquième législature: «A l'époque tous les partis politiques ont émis des réserves sur ce projet. L'on ne comprend pas pourquoi cet entêtement de la part du gouvernement.» Pour le PT, ce n'est pas les universités privées qui posent problème, mais cette volonté non exprimée officiellement de «privatiser les établissements du supérieur». L'ensemble des intervenants au débat a estimé que le moment n'est pas encore venu pour ouvrir l'enseignement supérieur aux privés. Sakina Messaâdi du FLN se demande si «l'Algérie a besoin de créer des universités américaines ou françaises?» La réponse est «non». Pour elle, la priorité serait «le renforcement des moyens des universités publiques.» Une opinion partagée par le MSP. Son représentant, Djilali Djelatou, a soutenu qu'il faut passer par la mise à niveau des universités algériennes avant de penser à ouvrir le secteur au privé. Les élus de la première chambre appréhendent le risque d'un exode collectif des meilleurs professeurs et encadreurs universitaires vers les université privées algériennes et étrangères «attirés par le niveau des rémunérations ou par les conditions de travail», comme le développe le FNA par le biais de son représentant, M.Saâd Laroussi. Des arguments rejetés par la représentante du gouvernement, Souad Bendjaballah, ministre déléguée à la Recherche scientifique. Cette dernière est convaincue que «cette loi s'inscrit dans le cadre de la réforme du secteur qui se veut progressive et participative et dont le succès est lié à l'adhésion des étudiants». Notons que cette loi consacre le principe de la prise en charge de la mission de formation technique de niveau supérieur par des personnes morales. Elle exclut, par ailleurs, la branche des sciences médicales du champ d'intervention de ces établissements, pour des raisons non justifiées. La création des établissements privés est subordonnée à une autorisation du ministère de l'Enseignement supérieur. La loi fixe un capital social exigible pour la création des universités privées et prévoit la présentation d'une caution à même de permettre la continuité de leur fonctionnement en cas de contentieux. La tutelle aura un oeil sur les programmes, puisque la loi fixe un certain nombre de fonctionnements en particulier pédagogique, auxquels tout établissement privé est tenu de se conformer.