Les députés, toutes tendances confondues, ont critiqué le système LMD que le gouvernement veut conforter à travers un projet de révision de la loi sur l'orientation de l'enseignement supérieur, présenté hier à l'APN par la ministre déléguée à la Recherche scientifique. Souad Bendjaballah a expliqué que le nouveau projet du gouvernement permet la création d'universités privées qui seront agréées par le ministre de l'Enseignement supérieur en personne. Ce dernier doit veiller à ce que les personnes morales ou physiques, qui souhaitent investir dans le créneau, remplissent le cahier des charges, préalablement établi par le département de tutelle. Elle s'est attardée sur l'article 43 bis qui porte sur la création d'un organisme d'évaluation de la gestion des centres de recherches scientifiques. Elle a évoqué naturellement le système LMD (licence-mastère-doctorat) que le gouvernement souhaite généraliser. Elle a soutenu que ce système conforte le processus de réforme de l'université algérienne, en uniformisant les diplômes. Il serait alors plus facile, selon elle, d'obtenir une équivalence d'une université étrangère. Sur ce point précis, quasiment tous les députés, qui sont intervenus dans le débat général, ont contredit la représentante de l'Exécutif. Très virulente, comme d'habitude, Louisa Hanoune a commenté que le LMD est un projet aventureux. “Pourquoi imposer ce système alors qu'il a montré ses faiblesses ailleurs”, s'est-elle interrogée avant d'estimer qu'il n'est pas très démocratique de le mettre en œuvre dès lors que “les étudiants protestent en ce moment même contre le LMD”. Au nom du groupe parlementaire du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune a exigé le retrait du projet de loi. Boutouiga Benhlima, du RND, a corroboré les assertions de sa collègue du PT en affirmant que ceux qui “ont inventé le système LMD (les Européens, ndlr) reconnaissent aujourd'hui qu'il est mauvais et tendent à le supprimer”. Brahim Kara Ali, du FLN, a soutenu qu'il ne convient pas d'ignorer les progrès des universités européennes ni nos craintes par rapport au nouveau système. “Nous sommes en faveur de la réforme de l'université, mais le cadre législatif ne suffit pas.” Il a critiqué les organisations estudiantines qui s'occupent, à son avis, de politique au lieu de prendre en charge les préoccupations des étudiants. “Nous avons peur que les universités algériennes donnent des diplômés chômeurs”, a-t-il conclu son intervention. M. Kouadri, du MSP, a relevé de nombreuses contraintes qui empêcheraient le LMD de réussir, dont les conditions socioprofessionnelles des enseignants. À ce propos, Djilali Djelatou, également élu du MSP, s'est enquis du sort du projet de loi relatif au statut particulier de l'enseignant du supérieur. Il a assuré, par ailleurs, que les encadreurs du système LMD n'ont pas été formés pour mener à bien leur mission. Souhila Hammadi