Offensive meurtrière israélienne, au moment où la communauté internationale mesure son impuissance. Arafat, qui a affirmé mardi qu'il «ne sera ni expulsé ni tué» et qu'il mourra en «martyr», est sans vivres et sans médicaments depuis lundi ; il et aujourd'hui, gravement menacé de mort, sans que, semble-t-il, personne puisse agir pour mettre un terme à cet ahurissant massacre de Palestiniens à ciel ouvert. Que fait la communauté internationale? Elle déplore et tente de faire entendre la voix de la raison au fanatique qui gouverne Israël. En vain, jusqu'ici, et tous les appels pour la retenue et le retrait de l'armée israélienne sont restés sans écho. Européens, Russes et Arabes, de concert, ou chacun pour son compte, ont, sans résultats probants essayé de voir comment arrêter le cruel carnage auquel se livre l'armée israélienne contre les personnes et les infrastructures palestiniennes. Même les lieux saints comme l'Eglise de la Nativité à Bethléem (là ou Jésus Christ est réputé être né) encerclée par Tsahal, la mosquée Omar, de la même ville, incendiée, ne sont pas respectés par une armée israélienne qui tue tout ce qui bouge et détruit tout ce qui peut représenter l'autre. C'est dans ce contexte, marqué par la haine contre le peuple palestinien, comme en témoigne l'acharnement de Sharon contre l'Autorité autonome palestinienne, que la diplomatie internationale essaye de se faire entendre d'un gouvernement israélien aveugle et sourd à tout ce qui ne l'encourage pas dans son oeuvre de destruction et de rupture de toute possibilité pour la paix d'avoir droit de cité. Si, dans le monde, les manifestations en faveur des Palestiniens et du retrait de l'armée israélienne se multiplient, il n'en reste pas moins que leur influence sur le cours des événements est nulle. En effet, si ces manifestations témoignent de la solidarité de la communauté civile internationale avec les Palestiniens, elle est dépourvue néanmoins de tout poids propre à faire infléchir la violence de Sharon contre un peuple désarmé. Ce que montre de fait l'impuissance des Européens, des Russes notamment à faire entendre raison au fou furieux de Tel-Aviv. Ainsi, la proposition du président de la Commission européenne, Romano Prodi, d'organiser une conférence internationale, réunissant les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie, l'ONU, Israël et les Palestiniens, pour trouver une solution équitable au conflit du Proche-Orient, a été immédiatement rejetée par le chef du gouvernement israélien Ariel Sharon qui a affirmé n'en avoir que faire. Exprimant, hier, la position de l'UE, le commissaire européen aux Affaires extérieures, Chris Patten, avait déclaré: «Nous avons besoin d'un cessez-le-feu et d'un retrait israélien le plus tôt possible.» Outre les démarches entreprises par la diplomatie européenne et russe, le Vatican, inquiet par le développement des dernières vingt quatre-heures et l'occupation de Bethléem suivie d'exactions contre des églises et des hommes de religion chrétiens un prêtre tué et des religieuses blessées, alors que des églises sont encerclées par l'armée israélienne a convoqué, hier, les ambassadeurs auprès du Saint Siège des Etats-Unis et d'Israël. Toutefois, il apparaît bien que toutes ces interventions, mises en garde et autre proposition de médiation, ont eu peu d'effet sur la furie des Israéliens, et confirment a contrario que la clé de la paix au Proche-Orient n'est nulle part ailleurs qu'à Washington. Washington qui, pour l'instant, semble avoir donné carte banche à Sharon d'assouvir sa haine contre Arafat et les Palestiniens. Le dédain qu'a montré jusqu'ici Sharon envers les initiatives prises ici et là pour rappel, il mit (pratiquement) aux arrêts le président Arafat au moment même où le Sommet arabe a adopté le projet saoudien de normalisation avec Israël, indique que celui-ci a des assurances fermes de George W.Bush de pouvoir mener à son terme le nettoyage qu'il a entrepris en Palestine occupée. Seuls les Etats-Unis peuvent aujourd'hui arrêter la main couverte de sang du criminel Sharon. Mais l'Administration Bush refuse toujours de bouger. Ce qui fit réagir ainsi l'influent quotidien de la capitale américaine, le Washington Post, qui écrivait hier: «L'administration (Bush) agit comme si elle ne se rendait pas compte que les mesures prises par Sharon détruisent toute chance de mettre en oeuvre les propositions américaines pour mettre fin à la violence.» Plus critique, le Financial Times de Londres estime dans un éditorial titré «Arrêter l'Israël de Sharon» que «pour le bien d'Israël, Washington doit intervenir pour mettre un terme à la réoccupation des territoires sous contrôle palestinien lancée par Sharon» Cette unanimité de la communauté internationale ne semble guère ébranler George W.Bush dans son soutien à contre-courant d'un criminel avéré, alors que ce dernier, fort de l'impuissance de l'ONU à le faire se conformer à ses résolutions, poursuit son oeuvre de mort contre le peuple palestinien. En ne prenant pas sur eux d'arrêter l'action criminelle du bourreau du peuple palestinien, les Etats-Unis ouvrent, à n'en pas douter, la voie à une conflagration générale au Proche-Orient.