C'est une véritable guerre psychologique qui est engagée sur le terrain. Le 11 avril, une voiture bourrée d'explosifs défonce les murs du Palais du gouvernement. Huit mois après, jour pour jour, une autre voiture explose devant le Conseil constitutionnel. Deux symboles de l'Etat algérien, l'un incarnant le pouvoir exécutif, l'autre chargé de veiller au respect de la Constitution ont été les cibles du Gspc. Ils ont failli s'effondrer comme un château de cartes. L'Etat est-il incapable de protéger ses institutions? Y a-t-il une défaillance dans le dispositif sécuritaire? Ou bien le recours aux attentats kamikazes rend-il «puéril» tout système de défense? Dans ce cas, doit-on s'attendre au pire? La situation inquiète à plus d'un titre au vu de la facilité avec laquelle opèrent les groupes terroristes. Mais surtout si l'on prend en considération les révélations faites par le ministre de l'Intérieur, mardi dernier. Celui-ci a laissé entendre que d'autres institutions risquent de connaître le même sort que les services du Chef du gouvernement et le Conseil constitutionnel: «Selon les informations dont nous disposons, le Gspc a classé sept institutions de l'Etat dans la liste des cibles à atteindre.» Le Conseil constitutionnel en fait partie. Les services de sécurité étaient au courant. Et l'attaque a eu lieu. Elle n'a pu être empêchée. M.Yazid Zerhouni atteste qu'«il n'existe pas de dispositif hermétique car le plus difficile à parer dans une ville est l'attentat à l'explosif.» Il défend, dans ce contexte, qu'il ne s'agit pas d'une «défaillance» des services de sécurité. Il ajoutera aussi que les autorités sont en train de renforcer le système de surveillance au niveau des établissements publics, à travers l'installation de caméras. Cela va prendre du temps selon le conférencier, parce que le matériel coûte cher. Y a-t-il plus cher et plus important que l'image du pays? Les institutions de l'Etat sont les symboles de souveraineté. Le Gspc est conscient des enjeux politico-militaires d'une telle attaque, notamment sur le plan médiatique. C'est une véritable guerre psychologique qui est engagée sur le terrain. Pour les observateurs avertis, les autorités du pays sont malheureusement en train de perdre sur le plan politique ce qu'elles ont réussi sur le plan militaire. Les images qui ont fait le tour du monde, hier, risquent de refléter l'image d'un Etat fragile. Incapable de se protéger. La réalité du terrain prouve le contraire. Le Gspc affilié à Al Qaîda a reçu des coups très durs depuis le début de l'année de la part des services de sécurité.