Un redoutable face-à-face les oppose à la société qui a condamné sans appel la violence terroriste. Deux mille deux cent détenus et quelque 300 terroristes ont abandonné les maquis. Ils ont bénéficié des bienfaits de la Réconciliation nationale depuis février 2006. La mise en oeuvre de la politique de Réconciliation nationale a-t-elle été bien négociée? Quelles sont les structures qui ont été mises en place pour réussir la réinsertion des terroristes qui ont déposé les armes? La mobilisation des travailleurs sociaux, psychologues, sociologues, assistantes sociales est incontournable pour un tel projet. Que deviennent les bénéficiaires de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale? Sont-ils suivis autant sur le plan psychologique que sur le plan judiciaire? Existe-t-il des comités de probation? Des contrôleurs judiciaires qui puissent faire une évaluation quant aux efforts fournis en vue d'une réinsertion progressive au sein de la société? Hormis les cas de terroristes connus et fortement médiatisés, tels que Hassan Hattab ou Mustapha Kertali, les autres sont absorbés par l'anonymat quand ils ne se sont pas évanouis dans la nature. Hassan Hattab étant un cas à lui seul. Il attend un procès reporté pour des raisons que l'on ignore. Les conditions de son incarcération sont méconnues. Le commun des mortels s'interroge. Et lorsque l'information fait défaut, c'est la rumeur qui prend le relais. Sa reddition est un mystère. Le sort qui lui est réservé tient en haleine les plus fins observateurs de la scène politique algérienne. Dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, le peuple algérien a été consulté. Il a massivement dit oui. Oui à la paix et à la stabilité. Qui aurait pu dire non à un tel projet? Hormis ceux qui sont restés dans les maquis. Combien sont-ils? Combien de terroristes continuent encore d'activer? 300, 350, 800..., nous dit-on. Les chiffres ne sont pas précis. Combien de repentis ont fait le chemin inverse? Et combien de jeunes gagnés à leur cause ont suivi le même itinéraire? Convaincus? Endoctrinés? Sans perspective certainement. Faut-il pour autant remettre en cause la mise en pratique de la politique de réconciliation nationale? Les portes de la repentance sont restées ouvertes aux «égarés». Faut-il les fermer et décider que l'affaire est close? Comment interpréter la recrudescence des attentats terroristes qui ont secoué la capitale depuis le début de l'année? Ces opérations semblent être l'oeuvre macabre d'une poignée d'irréductibles. La réconciliation nationale a connu des résultats tangibles. Sans l'interpréter comme étant un énorme succès, elle a sans conteste obtenu des résultats positifs. Mais il est légitime, aujourd'hui, et dans l'état actuel des choses, de l'accompagner de mesures plus concrètes. Après des années dans les maquis, marquées par des actes de violence sans précédent, les repentis sont appelés à reprendre une vie normale. Quels soutiens d'ordre social et psychologique peuvent relever un tel défi? Existent-ils? Peut-on mettre face à face la victime et son bourreau? Et ces repentis, ont-ils demandé pardon au peuple algérien? C'est un long chemin qui prendra du temps pour être parcouru. Pour le moment, on verse des larmes en attendant que les blessures se cicatrisent.