Il a été évoqué un éventuel retour aux armes pour faire valoir les droits des Sahraouis. Le 27 février 2007, la problématique du retour aux armes a été déjà posée chez les Sahraouis. Dans un entretien accordé à notre journal, Mohamed Lamine El- Bouhali, ministre sahraoui de la Défense, avait alors déclaré: «Nous avons été en guerre depuis le début des invasions marocaines du 31 octobre 1975. Nous avons été obligés de faire la guerre et après 16 ans de guerre, nous avons signé des accords de paix sous l'égide de l'ONU et du Conseil de sécurité. Néanmoins, les Marocains ont toujours opté pour des solutions antipaix. Nous responsabilisons le Maroc quant à la moindre dérive et/ou retour à la guerre qui aura, indiscutablement, des conséquences néfastes.» Et de préciser, par la même occasion, que «la solution armée est toujours valable, puisque le Maroc nous pousse à la guerre». Mohamed Lamine El-Bouhali, faut-il le dire, est l'un des partisans de la lutte armée, une revendication qu'il qualifiait souvent de tout à fait «légale et qui s'impose avec acuité». Neuf mois plus tard, Mohamed Abdelaziz, qui, lui aussi, n'a jamais écarté cette option, a déclaré, vendredi, à l'ouverture du 12e congrès du Front Polisario, organisé à Tifariti en territoire libéré du Sahara occidental, que la lutte armée est un droit légitime des Sahraouis. C'est une déclaration qui rappelle une fameuse expression de Nelson Mandela: «Aucune autorité au monde ne peut arrêter la volonté d'un peuple.» Pour ainsi dire, les Sahraouis, privés et de leur territoire ne comptent, à en croire le président de la République arabe sahraouie démocratique, lésiner sur aucun moyen pour faire valoir leurs droits. «Nous menons une guerre de libération juste, qui se poursuivra jusqu'à la réalisation de ses nobles objectifs, quel que soit le temps que cela prendra et quelles que soient les manoeuvres des colonialistes, et quelles que soient les formes de lutte que les résolutions internationales autorisent», a encore, une fois, déclaré Mohamed Abdelaziz, depuis Tifariti, ville-symbole de la révolution sahraouie. Même si la lutte armée n'est pas écartée, les Sahraouis privilégient encore le dialogue comme l'indiquent les négociations qu'ils mènent sous l'égide de l'ONU avec les Marocains. Les deux parties au conflit depuis 32 ans -à savoir le Maroc et le Front Polisario, seul représentant du peuple sahraoui reconnu sur la scène internationale- observent, depuis 1991, une trêve supervisée par les Nations unies, par le biais de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso). Mais le choix de la reprise de la lutte armée est à l'évidence renvoyé à une autre date, puisque le Maroc et le Front Polisario se sont engagés, depuis juin dernier, dans un processus de négociations pour une solution politique au conflit, négociation qui doit garantir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Les deux premiers rounds de pourparlers, ayant eu lieu en juin et août derniers, se sont déroulés à Manhasset, dans la banlieue new-yorkaise, dirigés par Peter Van Walsum, envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental. Une troisième séance de discussions est prévue du 7 au 9 janvier prochain, selon un calendrier onusien rendu public récemment. Les négociations constituent, en quelque sorte, un test de crédibilité, et pour le Maroc et pour les pays membres du Conseil de sécurité. Car, si les négociations n'aboutissent pas, «la responsabilité incombera exclusivement au Maroc et au Conseil de sécurité de l'ONU», avait estimé Mohamed Salem Ould Salek, ministre sahraoui des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie de la Rasd avait averti, à la veille de l'entame des pourparlers, le Maroc quant à un éventuel échec des conciliabules. Cette fois-ci, les Sahraouis n'excluent pas un retour aux armes, puisque «le Maroc continue dans la voie de l'intransigeance et du fait accompli». En attendant, le projet marocain «de large autonomie» pour les Sahraouis aura piteusement échoué et seuls y croient Rabat et certains de ses soutiens internationaux qui font fi du droit international et des résolutions de l'ONU sur ce dossier. Cela dit, le Maroc et le Conseil de sécurité de l'ONU sont désormais mis face à leurs responsabilités.