«L'attentat d'Alger ne nous découragera jamais d'accomplir la tâche vitale» des Nations unies. Ban ki-moon est sur tous les fronts. Après avoir obtenu un compromis à l'arraché à la conférence de Bali, en Indonésie, sur l'application du protocole de Kyoto, participé à une conférence des pays donateurs à Paris sur la Palestine, le voilà qui arrive à Alger, pour exprimer au gouvernement algérien la solidarité de l'Organisation des Nations unies, à la suite des derniers attentats du 11 décembre, qui ont fait 41 morts, dont 17 au seul siège de l'ONU à Hydra. Juste après ce triste événement, les responsables onusiens présents à Alger, ont clairement fait savoir qu'il n'était pas question pour eux de quitter l'Algérie. Contrairement aux années 90 donc, où tout le monde semblait déserter le navire, cette fois, les choses ont véritablement changé. Les déclarations du Premier ministre portugais et président en exercice de l'Union européenne, José Socratès, vont dans le même sens. En affirmant que l'Europe propose sa coopération à l'Algérie dans le domaine sécuritaire et dans la lutte contre le terrorisme, l'UE a enfin compris qu'il n'y a pas de guerre civile en Algérie, mais bien une lutte de tout un peuple contre une poignée d'intégristes qui se sont placés sous la coupe d'Al Qaîda d'Oussama Ben Laden. C'est bien simple, des messages de soutien sont parvenus de toutes les parties du monde et des principales capitales avec lesquelles l'Algérie entretient des relations étroites, que ce soit Rabat, Paris, Tunis ou Washington. Avant-hier, à l'ouverture de la conférence des pays donateurs sur la Palestine, à Paris, les participants ont observé une minute de silence en signe de solidarité avec le peuple algérien. Dans son allocution, le secrétaire général de l'ONU, M.Ban Ki-moon a souligné que «l'attentat d'Alger ne nous découragera jamais d'accomplir la tâche vitale» des Nations unies. On peut donc dire qu'il y a une évolution nette dans l'idée que se font les capitales étrangères et les instances onusiennes de la situation sécuritaire en Algérie. Longtemps, l'Algérie avait plaidé en vain, pour une solidarité internationale dans la lutte contre le terrorisme. Bien sûr, on en est toujours au stade de la condamnation, mais c'est un premier pas, tant il vrai que la bataille des idées est aussi importante que les actes eux-mêmes. A partir du moment où il y a un consensus là-dessus, il ne fait aucun doute qu'il est possible de passer à une autre étape. Cela dit, il ne fait aucun doute que la présence de M.Ban Ki-moon sera mise à profit pour aborder des dossiers d'intérêt commun. A commencer par la question du Sahara occidental dont le Conseil de sécurité est en charge. A cette occasion sera fait un point des négociations en cours entre le Front Polisario et le Maroc dont les discussions ont été engagées à Manhasset, à New York, entre les délégations sahraouie et marocaine, et doivent reprendre normalement les 8 et 9 janvier au même lieu. Or, le dialogue se heurte à l'intransigeance de Rabat qui veut imposer un pseudo-projet «d'autonomie» en lieu et place du droit du peuple à l'autodétermination, tel que prescrit par les résolutions onusiennes pour résoudre le dernier cas de décolonisation dont l'ONU est encore en charge. Les obstacles qu'a dressés le Maroc sur le chemin des négociations pour arriver à un consensus acceptable par les deux parties, font craindre un retour à la case départ. D'ailleurs, face à cet état de fait, le Front Polisario menace de reprendre les armes, si le peuple sahraoui ne parvient pas par la négociation à obtenir le droit de se déterminer. Il est certain que le président Bouteflika et son hôte onusien, Ban Ki-moon, évoqueront cet aspect des questions pendantes en Afrique du Nord, d'autant plus que l'Algérie, observateur dans le dossier sahraoui, au même titre que la Mauritanie, deux pays voisins des parties belligérantes, joue un rôle de modérateur afin d'amener Sahraouis et Marocains à trouver une solution dans l'intérêt des deux peuples. Par ailleurs, on sait tous que M.Bouteflika, qui a lui-même longtemps dirigé la diplomatie algérienne, est un homme avisé sur toutes les questions brûlantes de l'heure, et M.Ban Ki-moon, ne manquera certainement pas de le consulter sur les sujets d'actualité, que ce soit sur la question palestinienne, le problème libanais, la situation préoccupante en Somalie... La planète est sur un volcan. Aussi bien les déréglements climatiques que les conflits entre Etats, -ou bien les attentats terroristes,- tout cela est lié. Même si l'Onu est une instance qui n'a pas toujours les moyens de sa politique, -d'autant plus qu'en fait, ce sont les grandes puissances membres du Conseil de sécurité qui ont le droit de veto-, il n'en demeure pas moins que c'est un forum, un lieu où les nations du monde échangent des idées et débattent dans un esprit contradictoire des grands problèmes du monde. Il y a le problème des réfugiés, celui de la famine, celui des grandes épidémies. L'ONU est épaulée par des organisations comme l'OMC, le BIT, le Pnud, la FAO, l'Unicef et un certain nombre d'organisations non gouvernementales, qui concourent à donner une visibilité à son action.