Tizi Ouzou retrouve, peu à peu, un calme relatif, après avoir connu en certains endroits la fureur. Dans les rues noires de monde, les gens ne parlent que des derniers événements et des interpellations qui continuent. Hormis la petite ville d'Irdjen, dans la daïra de Larbaâ-Nath-Irathen qui a connu quelques échauffourées dans la soirée de mardi, le reste de la wilaya donne l'impression de vouloir renouer avec le calme. Un calme que Tizi Ouzou n'a pas connu depuis fort longtemps. Un calme que beaucoup pensent précaire, mais qui a permis à la population de souffler quelque peu.Certes, la psychose des interpellations est toujours présente, surtout dans l'esprit des jeunes. Il est vrai que le nombre d'arrestations, depuis le début de cette opération, était, jusqu'à hier matin, de 74 entre délégués, émeutiers et manifestants. Certains autres, notamment, des délégués du mouvement citoyen, sont toujours recherchés et ont plongé depuis dans «la clandestinité». Une position que rejette la Cadc qui affirme vouloir «continuer le travail dans la transparence et surtout le faire au grand jour». D'autres sources avancent le chiffre de 200 interpellations.Pour l'heure, la population croise les doigts et ne demande qu'une chose: «Que persiste, enfin, le calme!» Par ailleurs, la ville de Draâ El-Mizan s'est réveillée avec la nouvelle du départ de la brigade de gendarmerie locale alors qu'à Draâ El-Mizan, selon des citoyens de la ville, la brigade prépare son retrait. Ce sont huit brigades de gendarmerie, hormis Tizi Ouzou ville, qui ont été délocalisées. Il s'agit des brigades de Béni Douala, Azazga, Maâtkas, Bouzeguène, Boudjima, Tizi Rached, Larbaâ Nath Irathène et Boghni.Les villages et villes de l'intérieur de la wilaya, privés depuis une quinzaine de jours de transactions commerciales ont pratiquement «envahi» la ville de Tizi Ouzou et ce, malgré une petite pluie fine qui s'est abattue sur la région. Tizi Ouzou est le seul endroit où peuvent s'échanger des nouvelles. Les villageois ont peur des rumeurs qui circulent, des rumeurs qui parlent d'une semaine de grève. En fait, la Cadc, lors du conclave des Ouadhias, a décidé d'une cérémonie de recueillement, le 18 avril sur la tombe du lycéen Guermah Massinissa. La même cérémonie étant programmée, pour le 19 avril devant les tombes des autres victimes. Comme il est également prévu une grève générale et une marche à Tizi Ouzou, le 20 avril. Enfin, et en début de soirée, on a appris que des échauffourées ont eu lieu à Irdjen et Yakouren. Dans cette dernière ville, on évoque l'arrestation d'une dizaine de manifestants, alors qu'à Irdjen, les gendarmes, sortis pour dresser un barrage de contrôle, ont eu affaire à des groupes de manifestants. Les heurts étaient assez violents au moment où nous mettons sous presse, les échauffourées continuent à Irdjen.