La Banque européenne d'investissement (BEI) a accordé un crédit de 3 millions d'euros à l'entreprise familiale Nouvelle conserverie algérienne (NCA) de Rouiba. La cérémonie de signature a eu lieu hier à Alger en présence de M.Philipe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI et de M.Slim Othmani, directeur général de NCA. Cette entreprise a, en effet, engagé un important programme de modernisation et de croissance que cette opération permet de financer. «Ce prêt participatif est un instrument financier innovant qui se situe entre le financement en capital et un financement par prêt», a expliqué M.De Fontaine. Il a tenu à préciser que le taux d'intérêt, fixé entre 7% et 14%, et en partie basé sur les performances de la société, est particulièrement adapté aux besoins des PME. M.Othmani a souligné pour sa part, que grâce à ce prêt, son entreprise envisage de créer 250 postes d'emploi permanents d'ici à 2009. La NCA vise même très loin. Elle compte diversifier sa gamme de production et espère mettre une partie de son capital en Bourse, d'ici trois ans. Notons que ce genre de financement est une première expérience dans notre pays. La banque européenne a répondu favorablement, et dans un délai très réduit, a insisté M.Othmani, à la demande de la NCA. Solliciter une banque étrangère dans ce sens renseigne de la difficulté des PME algériennes à obtenir des crédits auprès des banques locales. Jusqu'à présent, les contraintes d'accès aux sources de financement bancaire constituent l'un des obstacles majeurs à l'émergence d'un tissu de PME performant. «Il y a des contraintes réglementaires qu'il faut dépasser. Ce problème va persister si aucune mesure n'est prise dans ce sens», avait déclaré récemment le ministre de la PME, M.Mustapha Benbada. C'est pourquoi, les PME nourrissent de nombreuses frustrations et des griefs envers le système bancaire. Elles reprochent aux banques les garanties excessives, les délais trop longs de traitement des dossiers de crédit, les taux d'intérêt trop élevés, les retards excessifs dans les circuits de paiement... Les banques, pour leur part, argumentent leur position par le fait que le financement des PME est très risqué. Selon les responsables, le taux d'échec dans le financement de la création d'entreprises est de l'ordre de 30% à 40%. Et lorsque le projet se solde par un échec et que la banque créditrice engage le processus de réalisation des sûretés, cette dernière ne récupère, dans la plupart des cas, que moins de 20% de la créance impayée. Elles relèvent également la lenteur des procédures juridiques qui entraîne des contentieux pouvant aller jusqu'à dix années. Devant toutes ces contraintes, la BEI se dit prête à soutenir le développement des PME en Algérie. D'ailleurs, saisissant sa présence en Algérie, M.De Fontaine lance un appel aux entreprises privées afin qu'elles déposent des dossiers au niveau du conseil d'administration de la BEI. La priorité est donnée, selon lui, aux entreprises locales de petites et moyennes dimensions, en particulier par l'utilisation de produits financiers adaptés aux besoins du marché, notamment des produits de capital investissement. Le financement accordé à la Nouvelle conserverie algérienne de Rouiba ambitionne de démontrer, aux investisseurs algériens, la viabilité et le potentiel du secteur du capital investissement en Algérie.