Rien ne va plus entre les soutiens du président Bouteflika. Abdelhamid Si Affif, ancien député de Mostaganem, Abdelkader Hadjar, ambassadeur d'Algérie à Téhéran, Abdelwahid Bouabdellah, ex-PDG de Cosider et député FLN d'Alger, Amar Saïdani, député FLN d'El-Oued, Amar Tou, directeur de l'Autorité de régulation au niveau des postes et télécommunications, et les ministres du Président (Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture,Tayeb Louh, ministre du Travail, et Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique) se font réciproquement la guerre pour une histoire de leadership. Chacune de ces tendances veut, en effet, chapeauter l'opération de réélection de l'actuel Président. Ces personnages, unis pour promouvoir la candidature du président Bouteflika pour un second mandat, se sont démarqués les uns des autres pour travailler chacun de son côté. Si Affif ne supporte pas Hadjar. Bouabdellah ne veut pas travailler avec Si Affif et Hadjar. Amar Tou ne tolère pas Si Affif et Hadjar et veut se démarquer des ministres du Président. Dans les coulisses du mouvement de “redressement” du FLN, Si Affif dit de l'ambassadeur d'Algérie à Téhéran qu'il “est un grand illettré qui ne connaît que l'arabe et qui est incapable de gérer la réélection du Président”. Il est même “en train de ternir l'image du Président par son comportement”, dit-il, tout en soulignant : “Je suis mieux que Hadjar ! Moi, je suis un bon bilingue, un intellectuel qui a de l'expérience dans la gestion et qui a eu à exercer d'importantes fonctions.” Hadjar, pour sa part, pense que Si Affif est un personnage “qui se prend trop au sérieux alors qu'il a été parachuté à la veille des législatives de 1997 comme militant FLN au début et comme député ensuite”. Abdelwahid Bouabdellah, réputé être très proche de Saïd Bouteflika, le frère conseiller du Président, ne veut en aucun cas être vu en compagnie de Hadjar ou de Si Affif. Pour l'ex-PDG de Cosider, qui conteste le leadership de Hadjar et de Si Affif, ces deux personnages représentent “une mauvaise fréquentation”. “Je n'accepte ni Si Affif ni Hadjar et je ne travaillerai ni avec l'un ni avec l'autre”, ne cesse-t-il de répéter à son entourage. “Je suis une personne qui a ses idées, un gestionnaire de carrière. Je suis très loin de ces deux personnages. Je ne suis pas un anarchique pour les fréquenter.” “Je n'accepterai pas que le mouvement de redressement du VIIIe congrès du FLN soit piloté par Si Affif et Hadjar”, répète-t-il en permanence. Du coup, Bouabdellah tente de convaincre les partisans du Président de ne pas marcher avec le binôme Hadjar-Si Affif. À ses vis-à-vis, Bouabdellah dit que “Si Affif et Hadjar sont des gens qui n'ont aucune crédibilité”. Amar Tou, de son côté, fuit comme la peste Hadjar, mais surtout Si Affif. Cela tient au fait que Tou se considère comme l'idéologue ou plutôt la tête pensante du mouvement devant permettre la réélection du président Bouteflika et pense que l'ambassadeur d'Algérie à Téhéran et l'ex-député de Mostaganem sont “nuisibles” au Président. Publiquement, Amar Tou se place au-dessus des manœuvres qui ciblent le FLN en adoptant le profil d'une personne posée et sage. Mais, derrière le rideau, il est le comploteur par excellence. Il suit de très près tout ce qui se passe chez les partisans du Président. C'est lui d'ailleurs qui prend attache avec les walis et les responsables locaux pour tout ce qui concerne les comités de soutien du Président, affirme-t-on de bonnes sources. C'est aussi lui qui entreprend les contacts avec les différentes tendances des promoteurs de l'image du Président. Mais, dans ses initiatives, Amar Tou veut tenir à l'écart Si Affif et Hadjar, “il ne les supporte pas”. Dans sa démarche, Amar Tou est aussi motivé par une haine sans égale à l'endroit de Ali Benflis, pour avoir occupé le poste de secrétaire général du FLN qui devait lui revenir après la destitution de Boualem Benhamouda. Amar Saïdani, quant à lui, active actuellement en solo. Après avoir constaté l'échec de sa gestion aux comités de soutien par les démissions en cascade qu'a enregistrées sa coordination, Saïd Bouteflika, lui, a créé une organisation de substitution dénommée l'Union nationale des associations des comité de soutien au Président. Saïd Barkat, Rachid Harraoubia et Tayeb Louh tentent, de leur côté, de promouvoir l'image du Président. Le ministre de l'Agriculture, qui assure la présidence d'honneur de la Coordination des fils de chouhada drivée par Bounedjma, a tenté vainement, jeudi dernier, d'aborder la question du congrès du FLN, lors d'une rencontre à Tipasa. C'est que des militants FLN présents sur place ont menacé de chahuter la rencontre si jamais cette question venait à être abordée. Cela dit, l'effritement des soutiens au Président n'augure rien de bon pour l'ex-candidat du consensus. N. M.