Les Saoudiens arrêtés à Gibraltar ne sont que du menu fretin. Pendant que les services de renseignement occidentaux sont en état d'alerte maximale, les deux hommes les plus recherchés de la planète, en l'occurrence Oussama Ben Laden et le mollah Omar, s'évertuaient à faire des apparitions médiatiques. Le premier multiplie des déclarations enregistrées pendant que le second fait des déclarations dans la presse écrite. Dans un récent entretien à la presse, le mollah Omar a affirmé qu'Oussama Ben Laden était toujours vivant. Démentant, par ailleurs, les assertions américaines sur l'implication d'Al-Qaîda dans les attentats du 11 septembre, le chef des taliban n'en a pas moins promis de brûler «les Etats-Unis et sa capitale», ajoutant, plus menaçant, que «le djihad n'en est qu'à ses débuts.» Par ailleurs, certains analystes accordent du crédit aux déclarations du mollah Omar quand il déclare que la nébuleuse afghane n'a pas été touchée dans ses structures essentielles. Pis encore, des hommes de Ben Laden auraient effectué plusieurs déplacements pour réactiver les réseaux dormants en Europe et en Afrique du Nord. La dernière tentative d'attentat déjouée à Gibraltar en dit long sur l'intensité de cette réactivation ainsi que les arrestations opérées dans les milieux islamistes au royaume chérifien. Pas plus tard qu'hier un coup de filet dans les quartiers de Casablanca a abouti à l'arrestation de trois Marocains soupçonnés d'entretenir des liens avec les ressortissants saoudiens responsables activant sous la bannière d'Al-Qaîda au Maroc. Cette opération a été menée contre le groupe Essirat El-Mustaquim (le droit chemin) par les services secrets marocains et de la CIA américaine. Dans la foulée, un prédicateur de mosquée à Fès a été arrêté par les mêmes services. Trois Saoudiens, Abdulhah Mussafer, Ali Alghamidi, et Hilal Djaber, ainsi que leurs épouses marocaines ont été présentés, hier, au parquet de Casablanca. Les accusés seront transférés au camp de Guantanamo, affirment certaines sources. Il semblerait, par ailleurs, que les Américains, informés par un détenu de Guantanamo d'origine marocaine, étaient au courant de l'existence d'une cellule dormante au Maroc depuis plus de 3 mois. Les renseignements communiqués par l'élément d'Al-Qaîda n'étaient pas précis, mais ont révélé la présence d'un homme de Ben Laden sur le sol marocain. Un portrait-robot de cet agent recruteur clandestin a prouvé que c'est le Saoudien arrêté dans l'opération Gibraltar. Cela étant, les craintes d'imminentes attaques terroristes se précisent de jour en jour, notamment en Allemagne, où la crainte d'un 11 septembre bis à Bonn est sérieuse. En trois jours seulement, les pays arabes, européens et américains ont multiplié les rencontres parfois à huis clos pour préconiser une stratégie commune. Alors que les Arabes en sont à chercher une définition du concept du terrorisme, les Européens se montrent toujours réticents sur les stratégies américaines et leurs visées.