Signataire d'une dizaine de conventions internationales relatives à la criminalité organisée, l'Algérie accuse un retard énorme quant à leur application. C'est du moins ce qui ressort d'une conférence coanimée par maîtres Miloud Brahimi et Kessoul Zoubida, présidente de l'Association des femmes juristes arabes, lors d'une conférence de presse tenue, hier, au centre d'El Moudjahid. «Il faut conjuguer les efforts afin de prévenir et de lutter efficacement contre ce fléau» précise Me Kessoul. D'autant plus que ce crime n'est ni ordinaire ni ne relève du droit commun. Devant cette réalité amère, une batterie de dispositions doivent être prises dans les meilleurs délais. Car, ce genre de crime peut mettre en péril l'avenir de tout un pays. Evoquant le cas du terrorisme, une des formes les plus dangereuses de ce crime, la conférencière a précisé que de nos jours, les terroristes ont changé leur manière d'opérer. D'ailleurs, précise-t-elle, «ils cherchent un nouveau mode pour créer la psychose et le sentiment d'insécurité au sein de la population.» Face à ce danger imminent, «la mise en place d'une technicité sophistiquée en formant des gens hyperspécialisés s'impose dans l'immédiat.» En guise d'arguments, Me Kessoul cite l'exemple des pays de l'Union européenne qui ont dépensé, en 2000, plus de 1,2 million d'euros pour la formation des spécialistes en sécurité aux fins de contrecarrer ce fléau. Ces mêmes pays ont constitué l'Europol, car la lutte en solo n'a pas donné les résultats escomptés. De la contrebande et le faux monnayage, en passant par la cybercriminalité et le trafic de drogue pour en finir avec le terrorisme, un travail titanesque attend l'Algérie qui veut se mettre au diapason des pays de l'Occident. En dépit d'un arsenal juridique jugé efficace, cela demeure inefficace «si on néglige l'aspect humain», enchaîne l'oratrice. Dans son intervention, Me Brahimi est longuement revenu sur l'abolition de la peine de mort en Algérie. «Cette suppression doit être de notre propre initiative» a-t-il précisé. Car, à se fier à ses propos, d'autres pays ont aboli la peine de mort pour des fins politiques. L'exemple de la Turquie en est, aux yeux du conférencier, la meilleure preuve. Cette mesure a été adoptée dans le but d'adhérer à l'Union européenne. La peine de mort en Algérie, précisons-le, n'est pas applicable depuis une quinzaine d'années. Cependant, elle figure toujours parmi les textes législatifs. Abondant dans ce sens, l'invité d'El Moudjahid estime que ce retard rend difficile une éventuelle coopération avec d'autres pays. Et d'ajouter que l'application de cette peine n'a jamais été un moyen de résoudre les problèmes sociaux.