Zulfikar Ali Bhutto, ses fils Murtaza et Shahnawaz et sa fille Benazir ont marqué l'histoire du Pakistan ces dernières décennies. La mort jeudi à Rawalpindi de l'ex-Première ministre du Pakistan Benazir Bhutto dans un attentat-suicide lors d'une réunion électorale s'inscrit dans le destin tragique de sa famille, la plus célèbre du pays. Zulfikar Ali Bhutto, Premier ministre du Pakistan au début des années 70, son épouse Nusrat et leur quatre enfants, étaient considérés comme une famille parfaite. Fondateur du Parti du peuple pakistanais (PPP), Ali Bhutto était connu pour son magnétisme, Nusrat pour sa beauté. En 1977, Zulfikar Ali Bhutto est renversé par un coup d'Etat militaire du général Zia ul-Haq et emprisonné. Ses fils Murtaza et Shahnawaz doivent quitter le pays, son épouse Nusrat et sa fille Benazir, qui a fait ses études à Harvard puis à Oxford, passent plusieurs années en prison ou en résidence surveillée. Deux ans plus tard, le général Zia fait pendre Ali Bhutto. Shahnawaz et Murtaza s'exilent à Kaboul et Damas où ils sont accusés d'avoir fondé l'organisation terroriste Al-Zulfikar. En 1985, la tragédie frappe à nouveau la famille. Shahnawaz est trouvé mort dans son appartement de Cannes (sud de la France). La famille pense qu'il a été empoisonné par sa femme afghane, dont la soeur avait épousé Murtaza, mais rien ne sera jamais prouvé. En 1986, après avoir vécu à Londres, Benazir rentre au Pakistan et échappe à un attentat en janvier 1987. Après la mort de Zia et la victoire du PPP aux législatives en 1988, elle devient, à 35 ans, la première femme au monde Premier ministre d'un pays musulman. Benazir oblige son frère Murtaza, accusé d'avoir organisé un détournement d'avion, à demeurer en exil. Chassée du pouvoir en 1990, elle est réélue lors des élections de 1993. La décision de Murtaza de se présenter à ces élections contre les candidats du PPP devait semer durablement la discorde dans la famille. Murtaza remporte un siège de l'assemblée provinciale du Sind, mais il est arrêté par la police le jour de son retour au Pakistan après 16 ans d'exil et accusé d'activités terroristes menées au nom du groupe Al-Zulfikar. La famille ne parvient pas à se réconcilier. Le 24 septembre 1996, Murtaza est abattu par la police à Karachi avec sept de ses partisans. Après huit ans d'exil à Londres pour échapper à des accusations de corruption, Benazir revient au Pakistan le 18 octobre dernier pour participer aux élections législatives, prévues le 8 janvier. Le jour de son retour, elle échappe à un double attentat contre son convoi, qui fait 139 morts.