La série d'attentats kamikazes en Algérie a laissé pantois et les citoyens et les services de sécurité. Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, vient d'annoncer le doublement des effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationales pour faire face à la recrudescence des attentats terroristes, plus particulièrement ceux kamikazes. La parade à ce genre d'agressions occupe le devant de la scène depuis, notamment l'attaque ayant ciblé le chef de l'Etat à Batna. La question qui s'impose aujourd'hui, est de savoir si la multiplication du nombre de policiers, de gendarmes ou de militaires est la solution idoine qui mettra fin à l'interminable feuilleton terroriste en Algérie. Ciblant les édifices de l'Etat, les casernes et les commissariats de police, la série d'attentats kamikazes en Algérie a laissé pantois et les citoyens et les services de sécurité. D'autant plus que les attaques se succédant et se ressemblant, usent presque des mêmes procédés. Fonçant à bord de véhicules bourrés d'explosifs sur des cibles minutieusement choisies, les suicidaires laissent derrière eux, morts, blessés et désolation. Les corps constitués assument-ils efficacement leur mission de protection du citoyen? Cette question s'est imposée, en dépit du fait que les forces de sécurité algériennes soient reconnues comme une référence internationale en matière de lutte antiterroriste. Des services que l'on sollicite aux quatre coins de la planète et dont on ne peut nier ni les lourds sacrifices ni le rôle capital tenu dans la sauvegarde de la République aux pires moments de la violence islamiste. Au-delà des avis des experts, que l'on peut taxer de toutes les étiquettes, la répétition des drames macabres signés par les kamikazes du Gspc, rebaptisé Al Qaîda au Maghreb, a fait sortir de ses gonds Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale. Ce dernier a lancé un avertissement aux éléments de la Police, juste après les attentats ayant ciblé le Conseil constitutionnel et les locaux de l'ONU à Alger. «Il n'y aura de place que pour les policiers capables de faire face aux terroristes», a-t-il tonné en direction des éléments du corps qu'il dirige, après que Zerhouni ait parlé d'une «baisse de vigilance». L'autre point qualifié de «très important» et d'«indispensable» par les experts des questions sécuritaires a trait au renseignement. Un moyen de contrôle en amont, nécessitant une implication effective des citoyens, qui a fait ses preuves dans notre pays et un peu partout dans le monde. Sur ce plan, les forces de sécurité ont à leur actif de remarquables exploits où il a été mis hors d'état de nuire plusieurs groupes terroristes dont celui ayant planifié l'attentat contre le Palais du gouvernement, perpétré le 11 avril 2007. Selon Zerhouni, cette opération a permis aux services de sécurité de recueillir des informations précieuses concernant, entre autres, les édifices publics figurant sur la liste des cibles des suicidaires d'Al Qaîda au Maghreb. Outre le renseignement, les concepteurs des stratégies de lutte antiterroriste tablent sur la généralisation des moyens de télésurveillance. De ce fait, on déduit que le renforcement des effectifs des corps de sécurité ne peut constituer, à lui seul, une solution efficiente. Admettons, toutefois, que l'enrôlement de milliers de jeunes Algériens dans les corps de sécurité est de nature à alléger l'impact du chômage. Lequel phénomène joue en faveur des groupes terroristes, en quête acharnée de chair à canon.