La commission présidée par l'ancien sherpa de François Mitterrand, Jacques Attali, est arrivée, dans son rapport, à la conclusion que la France a toujours besoin des émigrés. Le rapport sur la croissance que doit remettre le 23 janvier prochain l'économiste Jacques Attali au président français M.Nicolas Sarkozy, préconise, entre autres le recours à l'immigration pour stimuler et relancer la croissance française. Cette proposition de l'équipe qui a travaillé avec Jacques Attali va à l'encontre de la politique de l'émigration «choisie» dite aussi des quotas que s'est fixée le gouvernement Sarkozy. Jacques Attali ne semble pas avoir manqué d'arguments pour présenter le retour à l'immigration comme une des solutions à la croissance, actuellement en forte dépression, de la France. Pour lui, il ne s'agit pas de faire des gestes à l'égard d'une humanité souffrante, il s'agit essentiellement des «intérêts» économiques de la France. De fait, les projections quant au développement de la France dans le prochain quart de siècle ne cessent d'inquiéter les états-majors politiques et économiques, alors que la population de l'Hexagone vieillit de plus en plus et que la relève de la jeune génération n'est guère évidente. La France de 2025/2030 est une France de retraités et cela semble avoir fait réfléchir la commission Attali. Dans cet objectif qui consiste à encourager à nouveau l'immigration, «le rapport Attali» préconise la facilitation de l'octroi des visas aux demandeurs. La commission Attali considère, d'autre part, que la France devra recourir à la main-d'oeuvre étrangère à cause d'un marché du travail sous tension. Une note récente de Bercy (ministère français des Finances) prévoit qu'à l'horizon 2015 la France sera confrontée à des besoins de recrutement évalués à 750.000 personnes par an. C'est dire donc les besoins réels qui sont ceux de la France pour la relance de son économie. Aussi, la commission considère-t-elle l'immigration comme une source de création de richesses, donc de croissance. Mardi dernier, lors de sa conférence de presse, le président Sarkozy a réaffirmé son intention de poursuivre sa «politique de maîtrise des flux migratoires par le maintien des quotas». Les observateurs estiment que cette proposition risque de relancer la polémique, notamment sur les politiques d'intégration prônées par la France et leurs échecs. Comme l'ont montré, entre autres, les émeutes de l'automne 2005. Il est à noter qu'entre 23.000 et 24.000 immigrés en situation irrégulière ont été expulsés de France en 2007 selon le ministre français de l'Immigration, Brice Hortefeux, alors que l'objectif gouvernemental initial était d'en reconduire aux frontières 25.000, projet qui a d'ailleurs suscité les critiques d'associations de défense des droits de l'Homme. Les objectifs chiffrés d'expulsions provoquent de fait colère et inquiétude des associations d'aide aux immigrés. Elles dénoncent une pression exercée sur les préfets et leurs services pour augmenter le nombre d'expulsions. Depuis le 20 décembre dernier, des mouvements de protestation ont agité plusieurs centres de détention, voire de transit de la région parisienne contre les mauvaises conditions de détention. En fait, la France est toujours malade de son émigration.