La libéralisation de l'immigration préconisée par la commission Attali sur la libération de la croissance se justifierait par la nécessité de « faire face à un marché du travail en tension ». La France devra recruter 750 000 personnes par an d'ici 2015 pour pallier les besoins du marché du travail. Il y a quelques semaines, dans une interview à La Tribune, Jacques Attali soutenait : « La France a besoin d'immigration, il faut s'ouvrir aux travailleurs d'Europe de l'Est, aux Chinois, aux pays d'Afrique. Sans cela, toutes nos belles discussions sur le financement des retraites n'auront pas de sens. » La proposition de la commission Attali prend le contre-pied de la politique très restrictive menée par Nicolas Sarkozy en matière d'immigration. Lors de ses vœux à la presse, Nicolas Sarkozy avait réaffirmé d'aller « jusqu'au bout d'une politique fondée sur des quotas » pour maîtriser les flux migratoires, sans donner plus de précisions. Le président Sarkozy veut certes privilégier l'immigration de travail par rapport au regroupement familial, jusqu'ici principal créneau migratoire sur le territoire français, avec comme objectif de faire passer de 7%, aujourd'hui, à 50% l'immigration de travail. Il ne s'agit pas pour autant d'accorder l'entrée en France à n'importe quel travailleur, mais de sélectionner les nouveaux immigrants selon leur activité professionnelle et leur origine géographique. Deux listes d'activités à pourvoir ont été ouvertes aux candidats à l'immigration, l'une pour les ressortissants de l'Union européenne et l'autre pour les non-communautaires. Un article de la loi Hortefeux votée en novembre ouvre aux sans-papiers qui occupent déjà un emploi dans des secteurs qui connaissent des difficultés de recrutement (bâtiment, restauration…) de régulariser leur situation, tandis que les étudiants étrangers peuvent, à l'issue de leurs études, bénéficier d'un contrat de travail. La commission sur la libéralisation de la croissance (présidée par Jacques Attali, ancien conseiller du président Mitterrand et comptant une quarantaine d'experts et de personnalités), qui est à l'œuvre depuis quatre mois, doit remettre ses conclusions et environ 300 propositions au président Nicolas Sarkozy le 23 janvier.