C'est le cas de le penser devant les tergiversations de la communauté internationale à faire se conformer l'Etat hébreu au droit et aux lois internationaux. Bush a parlé, enjoignant à ses protégés israéliens de se replier sur leurs positions antérieures. Sharon, non seulement ignore l'injonction, il est vrai très molle, du président américain, mais persiste et signe en affirmant, hier, devant la Knesset que la «mission» n'est pas achevée. Pour le chef du gouvernement israélien, «l'opération est provisoire, mais les objectifs n'ont pas encore été atteints». Répondant, indirectement, à Condoleezza Rice, conseillère auprès du président Bush pour la sécurité nationale, qui indiquait dimanche que le retrait devait «se faire maintenant, ni demain ni après», le chef d'état-major israélien, le général Shaoul Mofaz, affirme que l'armée «avait besoin de huit semaines pour accomplir sa mission». Voilà donc un petit Etat qui, en plus de tenir tête à la communauté internationale, poursuit imperturbable, pratiquement à ciel ouvert, l'extermination programmée du peuple palestinien. La tragédie palestinienne, si elle ne laisse pas insensible dans le monde - plusieurs manifestations de solidarité sont quotidiennement organisées - n'en montre pas moins, chaque jour, combien les lois internationales ont été perverties quand on en arrive à cet insolite appel du secrétaire général de l'ONU dans lequel il adjure Israël à répondre à la demande de Bush de retirer ses troupes des territoires palestiniens. Cette pusillanimité de la communauté internationale, loin de dissuader les Israéliens dans leur entreprise barbare et criminelle, les encourage, bien au contraire, à y persister, certains de leur impunité. Aujourd'hui, tout ce que le monde compte comme puissance établie prie Sharon de se retirer des villes palestiniennes, quand pour les mêmes motifs (occupation du Koweït) Saddam Hussein a dû payer le prix fort: la destruction de l'Irak. Washington menace toujours de récidiver alors qu'un embargo assassin est maintenu contre le peuple irakien. Donc Kofi Annan, à partir de Madrid, «implore» Sharon au vu de «la situation (...) tragique (des Palestiniens) le monde entier, y compris ses amis et alliés, demande à Ariel Sharon qu'il retire ses troupes des territoires palestiniens». Sharon qui, à n'en pas douter, jubile de tenir ainsi en échec le monde entier, à répondu, hier, arrogant: «La mission n'est pas finie.» Alors que Sharon poursuit son action criminelle, qui confine au génocide, contre tout le peuple palestinien, son chef de la diplomatie, Shimon Peres, feint de ne pas comprendre pourquoi l'Europe soutient les Palestiniens. Ainsi déclare-t-il au magazine allemand Welt am Sonntag: «Je me demande ce que les Européens feraient s'ils étaient confrontés quotidiennement à des attentats suicide et voyaient que leurs enfants sont victimes du terrorisme. Pour être honnête, je ne comprends absolument pas leur opposition. Pourquoi soutiennent-ils les Palestiniens?», ajoutant: «Les Européens se battent-ils pour un Etat palestinien? Nous avons proposé un territoire aux Palestiniens.» M.Peres fabule, non seulement il trouve normal le massacre auquel se livre l'armée israélienne contre la population palestinienne (même les bébés ne sont pas épargnés, des centaines d'enfants palestiniens ont été assassinés par Tsahal lors des dix derniers mois), mais «grand seigneur» il déclare: «Nous avons proposé un territoire» alors qu'il était demandé à Israël d'honorer ses engagements des accords d'Oslo, ou, à tout le moins, appliquer les résolutions de l'ONU afférentes au conflit. Shimon Peres est bien bon de proposer aux Palestiniens des miettes de leurs propres territoires que l'armée de son pays occupe. Ce qu'il y a lieu de relever, c'est le fait, unique dans les annales de la diplomatie internationale, quand l'Etat hébreu considère que les lois communes internationales ne s'appliquent pas à lui, cela d'autant que cet Etat, Israël, créé de toutes pièces par les Nations unies au prix du dépècement de la Palestine historique, impose aujourd'hui, dans l'impunité totale, sa volonté au monde entier sans qu'il y ait un Etat, une nation pour dire basta. Israël a dépassé toutes les limites de l'acceptable, mais il se trouve encore des dirigeants du monde, au lieu de condamner ses crimes contre l'humanité, supplient le criminel Sharon d'arrêter. Le fait que le secrétaire général de l'ONU, plutôt que d'inviter Israël à se conformer au droit et aux lois internationaux, et se retirer immédiatement de la Palestine, implore le bon vouloir de Sharon; que ce dernier ignore superbement les suppliques de la communauté internationale; que Peres ne comprenne pas que des pays et des citoyens du monde soutiennent les Palestiniens, indiquent bien que les Israéliens, et sans doute quelque part la communauté mondiale, estiment que l'Etat hébreu est un Etat hors norme auquel les lois humaines ne s'appliquent pas. Alors qui arrêtera le forcené de Tel-Aviv? Qui mettra un terme au martyre du peuples palestinien? Quel recours reste-t-il aux Palestiniens pour faire valoir leurs droits?