Le terrorisme a changé de visage et de méthode et c'est pour cette raison que la lutte doit, elle aussi, changer, prévient Me Ksentini pour qui les droits de l'homme en Algérie doivent passer inéluctablement par la sauvegarde de la justice sociale. «Maintenant on se retrouve face à des attentats suicide et des explosifs en grandes quantités et c'est pour cette raison qu'il faut que la lutte soit adaptée et c'est pour cette raison aussi que je dis qu'il s'agit d'un terrorisme de deuxième génération», a expliqué, ce matin, le président de la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III. L'orateur dira que les moyens des terroristes ont changé et qu'il ne s'agit, en fait, plus de moyens artisanaux, sans oublier de signaler aussi que «les commanditaires, eux aussi, ont changé». Au sujet du combat, Me Ksentini rappelle d'abord que «le terrorisme est devenu une affaire planétaire et universelle» et qu'«en Algérie, il y a des groupes qui se réclament de la philosophie de la nébuleuse Al-Qaîda», et exhorte ensuite les pouvoirs publics «à faire appel à l'aide internationale». Le président de la CNCPPDH expliquera que «le terrorisme a connu des échecs sur le terrain notamment en Occident» et c'est pour cette raison qu'«il s'est rabattu par la suite sur le Maghreb et plus particulièrement sur l'Algérie où il a trouvé des conditions plus ou moins favorables». Mais la situation ne tardera pas être maîtrisée, corrige l'orateur. «Le terrorisme peut malheureusement faire des dégâts mais il n'a aucun avenir ni ici ni ailleurs. Ce qui est sûr c'est que son avenir est tout à fait barré.» Farouk Ksentini fera rappeler que l'Algérie «sort à peine d'une situation troublée avec une paix civile convalescente et des réseaux qui ne sont pas totalement démantelés». Il dit saisir l'occasion qui lui est offerte pour «démentir catégoriquement l'existence de ces prétendus camps d'internement chez la police et la gendarmerie qui seraient employés à torturer les gens et les retenir en toute illégalité». Considérant enfin que les droits de l'homme sont indissociables de la justice sociale, Me Ksentini admet qu'«il y a un retard considérable dans les droits sociaux et il suffit de se promener dans la rue pour constater la gravité de la situation». «La cherté de la vie et le régime des salaires, nos exportations qui se font en dollars et nos importations qui se font en euros, donnent une paix sociale très fragile. Il faut changer obligatoirement les choses parce que la situation est de plus en plus alarmante» met-il enfin en garde.