Les Américains ont accédé à cette requête marocaine afin de doter le royaume alawite d'une force de frappe. La Belgique est en train de former les pilotes de chasse de l'armée royale marocaine sur des avions de chasse américains F16. Il s'agit d'un programme de formation sur vingt appareils mis à la disposition de l'armée royale par l'Arabie Saoudite sous forme de dons. Cette étonnante révélation a été faite par une ONG belge qui a affiché ses profondes préoccupations sur l'avenir de l'équilibre stratégique des forces dans le Maghreb. En effet, dans une lettre de l'European Forum for North-South Solidarity (Efnss), adressée au ministre de la Défense nationale belge, M.Flahaux, et dont L'Expression a pu obtenir une copie, le président de cette ONG, Pierre Galand, a sérieusement mis en garde quant à une déstabilisation de la région, indiquant que le Efnss a été alerté par ses correspondants d'Espagne et du Sahara occidental. «Le renforcement des équipements aériens marocains est sujet d'une réelle préoccupation quant à l'équilibre de forces dans la région», indique la lettre, spécifiant le danger de cet équipement par l'esprit de rivalité avec les forces algériennes et non pas pour des raisons défensives. Ce qui constituerait une menace, selon le Efnss. Ce fait a été bien mis en exergue par le président du Forum européen pour la solidarité Nord-Sud à travers un paragraphe on ne peut plus explicite sans doute basé sur des informations et des documents fiables. «Les Américains ont accédé à cette requête marocaine afin de doter le royaume alawite d'une force de frappe équivalant à celle de l'Egypte. Le gouvernement marocain justifie, quant à lui, la modernisation de ses forces aériennes, pour compenser la supériorité algérienne», précise l'ONG belge qui a exprimé, dans ce contexte, son inquiétude essentiellement sur deux faits qui ébranlent l'ordre dans la partie occidentale de la Méditerranée. Le premier, c'est le réarmement important pour la partie marocaine. Et le second est en rapport avec l'Arabie Saoudite qui, selon cette ONG, n'a fait qu'apporter de l'eau au moulin, pour «avoir rompu ses relations traditionnelles de neutralité dans la région». Les coresponsables de l'ONG belge ont affiché leur «étonnement et leur irritation» de constater l'implication belge dans cette situation du fait de la formation, compte tenu «des tensions persistantes qui existent sur les frontières algéro-marocaines, mais également de celles qui s'alourdissent au Sahara occidental et des différends entre le Maroc et l'Espagne». Le premier responsable de cette ONG s'est enfin interrogé sur la conformité de la position belge avec l'absolue nécessité de préserver la paix dans le Maghreb. C'est d'ailleurs le même étonnement qui a marqué les spécialistes algériens qui ont indiqué que la Belgique voudrait sincèrement développer des relations assez conséquentes avec l'Algérie, notamment dans le domaine de la modernisation des équipements et la formation des cadres militaires algériens. Cela s'est traduit, selon ces mêmes spécialistes, par les échanges de visites au plus haut niveau de la hiérarchie militaire des deux pays. En effet, quelques mois de la visite du général Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'ANP qui l'a conduit à Bruxelles, cette visite a été suivie de celle de l'amiral Willy Herteleer, aide-camp du roi et chef de la Défense belge. Nos sources affirment que lors du séjour de ce dernier à Alger, ce problème aurait été soulevé par la partie algérienne par souci de stabilité de la région. Les Algériens auraient exprimé leur inquiétude quant au fait que la Défense belge forme des pilotes marocains, ce qui serait considéré comme une implication négative pouvant dénaturer l'équilibre des forces militaires dans la région.