L'ancien chef de gouvernement justifie la révolte des fonctionnaires face à la baisse du pouvoir d'achat. La part des ménages dans les recettes de l'Etat ne représente que 31,6% par an. Ce taux était de 43,8% en 2002 et 54,52% en 1995. L'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, s'est basé hier sur ces chiffres pour expliquer la dégradation du niveau de vie des Algériens. «Lorsque nous produisons 100DA, seulement 31,6DA reviennent à chaque ménage annuellement», a-t-il précisé lors d'une rencontre-débat sur ce sujet, organisée par la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité (Ccfc) en partenariat avec le Snapap. M.Benbitour justifie ainsi la révolte des fonctionnaires vis-à-vis de la baisse du pouvoir d'achat et leur revendication quant à l'augmentation des salaires. Plusieurs indices légitiment en fait cette réaction. «Nous épargnons 56% du PIB, nous avons un excédent commercial de 92,6 milliards de dollars dont 53,3 milliards en stocks», précisera-t-il. «Il y a une nette transformation de la distribution des revenus de l'Etat», a souligné M.Benbitour. Pour sa part, le docteur Abdelhak Lamiri a avancé une baisse terrible du niveau de vie. Chiffres à l'appui: entre 1985 et 1995, le niveau a baissé de 59% alors que de 1998 jusqu'à aujourd'hui, il a baissé de 10%. «Le pouvoir d'achat est actuellement beaucoup plus faible de ce qu'il était en 1985», précisera-t-il. Dans une économie développée, a-t-il ajouté, plus de 60% de la richesse vont aux travailleurs. Concernant les salaires, chacun a présenté son analyse sur la question. Pour l'ex-chef de gouvernement, «lier le Snmg au ratio alimentaire n'est qu'un indicateur». L'économie algérienne, affirme-t-il, connaît des problèmes très importants de vulnérabilité, de volatilité et de dépendance. Selon lui, la question est de savoir comment profiter de ces opportunités pour dépasser cette vulnérabilité de l'économie. Benbitour pose trois questions: quelle politique des salaires en Algérie? Quelle politique de productivité en Algérie? Et quelle institution de concertation? Très didactique, M.Benbitour estime que l'économie algérienne vit une aisance financière avec une position étrangère des plus confortables. La question des salaires est une question de distribution des richesses, soutiendra-t-il. M.Lamiri indiquera de son côté que le Snmg a baissé de 30%. Il considère qu'il y a eu une érosion du pouvoir d'achat de 35 à 39% en raison de la flambée des prix. «Il faut donc la compenser par l'augmentation des salaires», a-t-il soutenu. Une augmentation qui devrait atteindre, selon M.Lamiri, 35%. Il soutiendra, néanmoins par la suite, que l'augmentation des salaires est liée à la productivité, mais elle est liée également à l'inflation. Argument: les Algériens produisent 1% de moins chaque année alors que chez nos voisins tunisiens, la productivité augmente de 1,5% durant la même période. Pour cet expert, il faut avoir des systèmes de simulation économique pour mieux mesurer les répercussions d'une hausse des salaires sur le niveau de vie, le PIB (produit intérieur brut), l'inflation et les autres paramètres économiques pour avoir une bonne politique salariale. Mais, regrette-t-il, «l'Algérie ne dispose pas, aujourd'hui, d'une politique des salaires». Il a souligné que les politiques salariales internationales prennent en considération plusieurs facteurs dont l'érosion du pouvoir d'achat, la productivité, la croissance économique. Or, en l'absence de ce genre de systèmes, on risque de cafouiller dans la conduite de la politique économique, considère-t-il. Dans une étude qu'il a effectuée sur le pouvoir d'achat, le Snapap de Malaoui fixe le Snmg à 33.000DA. Afin de sensibiliser les fonctionnaires sur la question, 50.000 copies de cette étude seront distribuées la semaine prochaine à la base.