De violents combats se déroulent depuis le 3 avril au camp des réfugiés de Jenine où les Palestiniens résistent héroïquement aux assauts des chars et blindés et des tirs de roquettes des hélicoptères de combats israéliens. Plus de 100 Palestiniens sont tombés en martyrs en défendant leur droit à la vie. Des batailles acharnées et meurtrières ont eu lieu hier matin. Treize soldats israéliens ont été tués, de nombreux autres blessés, rapportait, hier, dans son édition du matin, la chaîne satellitaire Al Jazira. Mais les pertes dans les rangs des combattants palestiniens, qui ne disposent que d'armes légères à opposer à l'armement lourd israélien, sont effarantes et confinent à un véritable massacre. De fait, cet assassinat collectif des Palestiniens est mis en exergue en Israël même où la presse locale a fini par affirmer que ce qui se passe dans les camps des réfugiés palestiniens fait de Jenine «le Massada des Palestiniens». Ainsi titrait, hier, le quotidien israélien Yediot Aharonot, lequel rapporte des propos de militaires israéliens qui affirment: «Pour eux (les assiégés palestiniens) le camp de réfugiés est comme Massada. Ils sont déterminés à ne pas céder et ils n'ont pas l'intention de se rendre même après que cela leur eut été proposé un grand nombre de fois par haut-parleurs.» En l'an 73 de l'ère chrétienne un millier de juifs se sont retranchés dans la citadelle de Massada, préférant se donner la mort que de se rendre aux Romains. Aujourd'hui, les Israéliens craignent que ce ne soit l'image que le monde retiendra de l'hécatombe dont sont victimes les Palestiniens. 11.000 Palestiniens sont retranchés, depuis une semaine, dans le camp pilonné jour et nuit par les chars d'assaut et les hélicoptères de combats israéliens. S'alarmant plus pour l'image de marque d'Israël que pour la vie de milliers de Palestiniens livrés ainsi à l'holocauste, le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres, lors de discussions «internes» a reconnu qu'un «massacre» était en train de se dérouler dans le camp de réfugiés de Jenine. Le quotidien israélien Ha'aretz faisait état, hier, de cette «préoccupation» du chef de la diplomatie israélienne. Le journal écrit que «Shimon Peres redoute les réactions internationales très dures contre Israël lorsqu'on connaîtra l'ampleur des combats qui ont eu lieu dans le camp de réfugiés de Jenine où plus d'une centaine de Palestiniens ont été tués» qualifiant l'action des soldats israéliens de «massacre». Peres, qui reconnaît ainsi l'holocauste fait aux Palestiniens, ne s'inquiète, en réalité, que de l'image faite à l'étranger de ce «petit Etat démocratique» cerné par les «méchants» arabes, qui montre bien que la méchanceté et la brutalité sont du seul fait des Israéliens. Si M. Peres n'approuvait pas les menées criminelles de Sharon, il aurait pu démissionner et s'en désolidariser, il peut toujours le faire, par la condamnation des exterminations auxquelles se livre l'armée de son pays contre un peuple désarmé. Il ne l'a pas fait, et il est fort peu probable qu'il le fasse jamais. Le monde entier a vu les cadavres de Palestiniens jonchant les rues de Jenine et de Naplouse, des morts palestiniens stockés dans les morgues des hôpitaux, car les assiégeants israéliens refusent qu'on leur donne une sépulture. Les chaînes de télévision du monde entier ont montré ces images affreuses, effroyables de morts palestiniens éparpillés par dizaines dans les rues des villes réoccupées, ou alors ces images où l'armée israélienne, ne respectant aucune religion ni la musulmane ni la chrétienne brûle les mosquées, cerne les églises. Ces images fortes sont plus éloquentes que le plus talentueux des discours, car elles disent la vérité de ce qu'est ce «petit Etat démocratique» Les massacres de Palestiniens se commettent à huis clos, depuis la réoccupation le 29 mars des villes palestiniennes. Des centaines de Palestiniens ont été ainsi assassinés par l'armée israélienne. Aujourd'hui, le nouveau Massada, c'est toute la Cisjordanie, qui résiste héroïquement à l'invasion israélienne.