En pénétrant dans les profondeurs du camp surpeuplé de Djabalia qui abrite plus de 100 000 personnes, les forces israéliennes ont mis fin à une hésitation qui a duré près de 4 ans, l'âge de l'actuelle intifadha entamée un certain 28 septembre 2000. Une opération militaire israélienne de grande envergure a débuté, depuis mardi soir, dans le nord de la bande de Ghaza. L'incursion israélienne qui touche plusieurs localités de cette région dont Beït Hanoune, qui a subit ce sort plusieurs fois déjà, Beït Lahia, les quartiers Ennada et Al Aouda, le village Bedouin, Tel Zaâtar qui surplombe le camp de Djabalia, la ville de Djabalia et enfin le camp du même nom. Des centaines de chars et de blindés accompagnés de bulldozers tentent depuis plus de trois jours de contrôler ces différentes localités. Ces forces terrestres bénéficient d'un efficace appui de la part des hélicoptères d'assaut de type Apache, de fabrication américaine, et d'innombrables petits avions espions télécommandés. Près de 50 palestiniens ont été tués depuis le début de cette agression. 9 sont tombés, mercredi, alors que 31 autres ont été tués jeudi dernier. Et la journée d'hier était comme celle de la veille avec encore des tués palestiniens. En outre, plus de 150 personnes ont été blessées par les balles et les éclats des obus tirés par les chars ainsi que ceux des roquettes lancées par les hélicoptères. Les blessés ont été pris en charge par l'hôpital El Aouda, l'hôpital Kamal Adouane, proche du camp de Djabalia et l'hôpital Al Shifa de Ghaza. Plusieurs d'entre eux souffrent de blessures très graves, ce qui risque d'alourdir le bilan des pertes humaines palestiniennes. C'est la journée la plus sanglante, ou encore la plus grande boucherie perpétrée par l'armée israélienne dans la bande de Ghaza. Malgré ce lourd bilan, Israël persiste et signe assuré d'une totale impunité. « Ce que nous avons vu aujourd'hui va continuer. Nous n'avons pas de limitation dans le temps », a déclaré Avi Pazner, porte-parole officiel. Un des chars israéliens a tiré un obus sur le marché du camp. 9 personnes ont été tuées sur le coup. Des lambeaux de leur corps déchiré ont été retrouvés sur les toits des magasins et des maisons voisines. Les victimes étaient des civils qui tentaient de se ravitailler en produits alimentaires. Les observateurs prédisaient que toute action militaire israélienne à l'intérieur de ce camp qui a vu le déclenchement de la première intifadha en 1987 serait sanglante. D'un côté parce que la résistance sera farouche et de l'autre côté à cause de la très forte densité de population qui caractérise ce lieu. Jeudi dernier, en fin de soirée, les membres du cabinet de sécurité réunis autour du Premier ministre Israélien Ariel Sharon, ont approuvé à l'unanimité une opération militaire de grande envergure dans le nord de la bande de Ghaza, non limitée dans le temps. Des sources israéliennes ont affirmé que le but de cette action militaire est d'empêcher le tir de roquettes de type Qassam vers les localités israéliennes. Les résistants palestiniens ont réussi de leurs côtés dans des actions audacieuses à tuer deux soldats et deux colons israéliens. Des témoins ont rapporté que les résistants ont réussi aussi à détruire un char de type Merkava, qui a sauté sur une charge explosive actionnée à distance. Nabil Abou Roudeïna, conseiller du président palestinien Yasser Arafat, a appelé « le Conseil de sécurité de l'Onu, le Quartette, notamment les Etats-Unis, à intervenir immédiatement pour mettre fin aux massacres ». Les forces d'occupation israélienne ont par ailleurs découpé la bande de Ghaza en trois parties distinctes. Ce qui inquiète le plus les palestiniens c'est de voir se répéter la tragédie vécue par le camp de Jenine, mais à plus grande échelle. Seule une mobilisation sérieuse de la communauté internationale, est susceptible d'arrêter le grand massacre qui risque de se produire dans le camps de Djabalia.