Contenir l'immigration clandestine constitue une préoccupation majeure pour les pays de la rive nord. Une réunion, pour la forme, rassemblera demain à Rabat les pays du Maghreb et les pays du sud de l'Europe. L'objectif arrêté, comme à chaque fois, est de favoriser la coopération entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Cette réunion des «5+5» verra la participation des cinq pays du Maghreb, à savoir l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, aux côtés des cinq pays du sud de l'Europe: l'Espagne, la France, l'Italie, Malte et le Portugal. Cette nouvelle tentative de coopération est placée sous le thème «La coopération renforcée comme vecteur de stabilité et de prospérité». Selon les déclarations des uns et des autres, cette réunion sera une occasion pour les responsables des 10 pays de débattre de manière approfondie des moyens de coopération. Cela afin de donner un nouveau souffle et un nouvel essor aux relations euro-maghrébines. Les ministres des Affaires étrangères des pays de la Méditerranée occidentale vont discuter des possibilités de privilégier le dialogue entre les deux rives et de renforcer les synergies à la fois Nord-Sud et Sud-Sud. Ce dialogue des «5+5» a établi de nombreuses coopérations sectorielles, notamment dans les domaines de la défense, du transport ou de la lutte contre le terrorisme et les trafics. Dans tout cela, les questions qui préoccupent le plus «les pays du Nord» auront, sans aucun doute, la part du lion dans cette rencontre informelle. La lutte contre l'immigration illégale a toujours figuré au premier rang dans l'ordre du jour des précédentes rencontres. Les pays européens cherchent à tout prix à faire barrage au flux migratoire. La France, l'Italie et l'Espagne songent à adopter une politique commune pour lutter ensemble contre ce fléau. La situation sécuritaire constitue, également, un grand souci pour les pays du Nord. Ceux-ci sont conscients de l'enjeu que représente l'instabilité du Maghreb pour la sécurité de l'Europe. Aux yeux de l'Occident, la sécurité de l'Europe reste étroitement liée à la stabilité des pays maghrébins. Toutefois, il y a à craindre que le formalisme prenne encore une fois le pas sur le fait, réduisant à une simple rencontre routinière ce qui aurait pu être le prélude d'un véritable dialogue entre partenaires conscients de tout ce qui les lie et qui fait que la prospérité des uns dépend du développement des autres. Les véritables possibilités de coopération pour aider les pays de la rive sud à se développer ne sont pas réellement prises en considération et sont de fait oubliées, une fois la séance de travail levée. Ce qui explique l'échec du processus de Barcelone qui s'est noyé dans la parlote et le faux-semblant. Dans cette optique et pour une meilleure prise en charge des problèmes des deux rives, les participants sont appelés sans doute à approfondir et à multiplier leurs consultations. Dans le même esprit, une autre réunion, de la Troïka de l'UE, est prévue avec les ministres des Affaires étrangères de l'UMA, qui aura lieu mardi dans la capitale marocaine. Cinq thèmes de coopération seront abordés. Il s'agit du réchauffement climatique, la concurrence des nouvelles économies émergentes, l'immigration illégale, la protection de la mer Méditerranée, la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme. De l'avis des observateurs, à travers ces réunions, il s'agirait, en premier lieu, de soutenir l'intégration régionale au Maghreb, notamment dans les domaines de la facilitation du commerce, de la libéralisation commerciale, de l'interconnexion des réseaux. «C'est dans ce contexte que cette réunion examinera les moyens de renforcer nos relations», a déclaré Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne chargée des Relations extérieures et de la Politique européenne de voisinage. Et d'ajouter: «Je suis convaincue des bénéfices de l'intégration régionale en tant que moyen pour contribuer à la stabilité et au dialogue ainsi que pour accroître le rythme du développement économique.» A noter que plusieurs déclarations ont été adoptées lors des différentes réunions (Tunis, Alger, Barcelone, Tripoli), sans que celles-ci aient abouti à des projets concrets, tant sur le plan politique, économique qu'au plan socioculturel.