En ces moments de tensions, il n´est pas exclu que des parties hostiles au calme et à la paix sociale veulent embraser la situation. Le ministre de l'Education nationale dénonce. Boubekeur Benbouzid accuse. Il affirme même détenir des preuves. Un étrange document en arabe, portant le cachet «République démocratique algérienne et populaire» et signé B. Hamza, appelant les élèves à déserter leurs établissements et à manifester dans la rue le samedi 19 janvier, a été remis hier à la presse. Le cachet rond contient le sigle «ONI». Selon toute vraisemblance, il s'agit d'une «semblant» d'organisation nationale dont l'identité n'est pas révélée. Le document appelle à la rébellion des lycéens puisqu'il utilise le terme d'«intifadha». Ainsi, il est clair que le document vise à torpiller la réforme scolaire initiée depuis 2003, au vu des termes utilisés. Une réforme pour laquelle l'Etat a consenti des milliards de dinars. Il convient de s'interroger sur les visées de ce document distribué en ce moment précis aux lycéens. Il serait également intéressant de savoir qui est réellement derrière ce tract à la limite de la subversion et surtout quels objectifs vise-t-il? En ces moments de tensions sociales, il n'est pas exclu que des parties hostiles au calme et à la paix sociale veulent embraser la situation. Une enquête a été entamée par les services de sécurité. «Les mis en cause seront bel et bien poursuivis en justice» affirme Boubekeur Benbouzid. Le ministre persiste et signe. Dans une déclaration faite, hier, à notre confrère, El-Khabar, Boubekeur Benbouzid soutient que le mouvement de protestation initié par les lycéens de terminale est loin d'être spontané: «Il est actionné par des parties qui ont des intérêts dans cette affaire», déclare le ministre. Et d'ajouter sur sa lancée que ces «manipulateurs» avancent le prétexte de la «demande d'allègement des programmes» pour perturber le secteur. Et d'affirmer: «C'est une invention de quelques parties que nous connaissons bien, et qui s'opposent aux réformes en cours dans le secteur de l'éducation» sans pour autant que le ministre de l'Education nationale aille jusqu'à identifier ces parties, ou avancer le moindre nom «incriminé». «Le ministère de l'Education nationale invite les élèves, les parents d'élèves et l'ensemble de la communauté éducative à déjouer toute tentative destinée à porter atteinte à la valeur et à la crédibilité de l'examen du baccalauréat et à son exploitation à des fins politiques», notait, déjà, jeudi, le communiqué du ministère de l'Education nationale. «Il faut faire attention à la manipulation, à des fins politiques, des doléances des élèves», avertissait de son côté M.Khaldi, secrétaire général du ministère de l'Education. Cependant, les lycéens protestataires soutiennent l'absence de toute organisation politique ou autre dans leurs rangs. En affirmant que les lycéens ont été manipulés, M.Benbouzid tente-t-il de voiler ce qui serait, selon d'aucuns, l'échec de la réforme scolaire ou bien détient-il de solides documents attestant de leur nature manipulatrice? Outre le tract, que le ministère a rendu public, sur quelles autres preuves se fondent les accusations de M.Benbouzid? Finalement, cette situation renvoie à plus de questions qu'à de véritables réponses. Y-a-t-il eu réellement manipulation? Qui est le manipulateur? Pour quelle raison? A quel dessein inavoué? Pourquoi maintenant, alors que l'Algérie vit une année charnière avec tout ce que cela comporte? Par cet appel à l'«intifadha», il est en outre clair que ces «manipulateurs» veulent aggraver davantage une situation déjà sur le «gril». Il est évident cependant que, par l'appel à la «désertion» des lycées, on veut créer un désordre public en opposant les lycéens aux forces de l'ordre. Or, on sait qu'à la moindre contrariété sociale, la paix sociale et institutionnelle peut-être menacée. Question: qui veut jeter de l'huile sur le feu?