Les spécialistes expliquent cette situation par l'effondrement des valeurs morales. Yacine, Yacer, Anis, Achwak et tant d'autres...ont tous subi des sévices. L'enlèvement d'enfants, qui finit souvent par des assassinats «atroces», prend, depuis quelques années, des proportions alarmantes en Algérie. Aussi, le nombre de kidnappings qui était de 80 en 2003 a quadruplé pour atteindre...280 en 2007. Le tout dernier «rapt» à Constantine du petit Yacer, âgé d'à peine 3 ans, retrouvé mort, confirme ce constat et atteste d'une situation urgente qui nécessite l'implication de tout un chacun. Invité à s'expliquer sur ce sujet, le sociologue Nacer Djabi estime, dans un débat transmis sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, que «les pressions socioéconomiques restent souvent à l'origine des kidnappings», compte tenu des rançons exigées aux parents des otages. La psychologue et spécialiste en psychopathologie de l'enfant, Houria Ahcène Djaballah, évoque, de son côté, «l'effondrement des valeurs morales». Plus explicite, l'intervenante a qualifié le rapt d'enfants d'«acte antisocial» qui se traduit, en toute vraisemblance, par des troubles de la personnalité, tels que la pédophilie. C'est là l'avis d'un autre intervenant qui note, pour sa part, que l'enlèvement d'enfants est souvent imputé à des comportements pervers des ravisseurs qui «croient» assouvir leurs besoins. Outre ces ravisseurs «pervers», il a été aussi question d'enlèvements commis par des membres de la famille de l'enfant. Là aussi, il s'agit beaucoup plus d'un règlement de comptes. C'est le cas, rappelons-le, du petit Walid, écolier à Kouba, qui a été enlevé puis retrouvé mort, étouffé par un membre de sa famille. Ou encore celui de Djelfa. Pourquoi les ravisseurs passent-ils à l'acte? C'est la question à laquelle a répondu un docteur de Chéraga: «Les ravisseurs exécutent leurs otages de peur de représailles et de dénonciations.» Dans le même ordre d'idées, le débat a porté également sur l'aspect juridique de ce phénomène. Pour cela, les services de sécurité, en l'absence de preuves, préfèrent parler de «disparitions», tout en notant que la majorité des enfants enlevés ont été malheureusement assassinés. De son côté, le vice-président de la commission internationale des droits de l'enfant plaide pour que «les ravisseurs soient sévèrement punis», en précisant que la loi prévoit des peines de prison allant de 10 ans à la perpétuité. En Europe, des mesures «coercitives» ont été prises à l'encontre des pédophiles. En France, par exemple, c'est le président Nicolas Sarkozy, lui-même, qui s'est dit favorable, l'été dernier, à la «castration chimique» des pédophiles récidivistes, après qu'il eut annoncé la création d'hôpitaux pour les délinquants jugés dangereux.