L'atteinte aux personnes prend de nos jours les pires facettes. Le kidnapping, cette forme de criminalité qui s'installe tel un monstre dans chaque coin de rue guettant les proies faciles que sont les mineurs, est devenu un phénomène d'une ampleur inquiétante. A la fois, les services de police et la Gendarmerie nationale attirent l'attention et lancent des signaux d'alerte à travers des statistiques éloquentes sur une tendance élevée des atteintes aux enfants victimes du procédé abject d'enlèvement suivi d'abus sexuel puis de meurtre. Près de 180 enfants ont été victimes de kidnapping l'année dernière. Les services de la police nationale ont fait état de 146 cas d'enlèvements d'enfants durant l'année 2007, contre 33 cas de mineurs enlevés sur un total de 108 recensés par la Gendarmerie nationale pour la même année. Selon la police, 25 enfants parmi ceux enlevés durant l'année écoulée ont subi l'ultime peine puisqu'ils ont été retrouvés morts gisant dans leur sang. Si la mort d'un enfant est un véritable drame, que dire alors du nombre effarant de 25 bambins qui ont rendu l'âme après avoir subi les pires sévices. L'appétit pervers et ignoble des pédophiles est à l'origine de cette série de disparitions d'enfants. Ces derniers ne sachant pas et ne pouvant pas se défendre, sont pris dans un piège qu'ils ne quitteront qu'une fois le forfait de leur agresseur commis avec des traumatismes indélébiles, ou seront morts. Qui peut oublier ces frimousses d'enfants dont les photos ne finissent pas d'occuper les pages des journaux, dernier recours des parents meurtris par la disparition leurs enfants. Qui ne s'est pas mis un jour à la place de cet enfant criant tout le mal de son corps, seul face à des ogres sans foi ni loi, ces innocents n'ayant plus que leurs yeux pour pleurer et souffrir de ce que ce monde à de plus sombre. Yacine, Anis, Yacer, des noms d'anges, pour ne citer que ceux-là, malheureusement associés au dramatique sort d'être assassinés après avoir été violés. Dimanche dernier, la liste, déjà trop longue d'enfants morts dans des conditions violentes, s'est allongée d'un nouveau prénom, Abdenour, celui d'un enfant d'une dizaine d'années habitant Mascara. Les cas de disparition d'enfants sont le fait des proches Il est à signaler que ces crimes sévissent aussi bien dans les grands centres urbains que dans les zones rurales les plus reculées. Les statistiques révèlent d'ailleurs que dans la majorité des cas, les kidnappeurs, les violeurs et assassins d'enfants appartiennent à l'environnement immédiat de la victime. « D'après les études que nous faisons au niveau de la Gendarmerie nationale, les cas de disparition d'enfants sont le fait de leurs proches, que ce soit des membres de leur propre famille ou du proche voisinage », nous explique Mlle Zohra Boukaoula, psychologue en rapport d'étude permanent avec ce type de criminalité. Notre interlocutrice réfute l'existence de réseaux bien organisés spécialisés dans le kidnapping de mineurs, et soutient que ces agressions ont de tout temps existé. « Il se trouve qu'aujourd'hui on en parle plus souvent, car nous voyons de plus en plus de photos d'enfants dans les journaux mais surtout que ces cas ont été suivis de meurtres. Il faut savoir que des pédophiles il y'en a toujours eu comme d'ailleurs les cas d'inceste et dont notre société n'ose pas parler », indique Mlle Boukaoula en précisant que le pédophile, qui choisi sa proie dans son environnement et fini par tuer sa victime, tend toujours à cacher son forfait « afin d'éviter que l'enfant qui le connaît ne le dénonce ». La psychologue en appelle à la vigilance des parents. « Il est impératif que la vigilance des parents soit à son maximum, surveiller l'enfant lorsqu'il joue dehors, et surtout ne pas le laisser parcourir des kilomètres seul pour rejoindre son école. » Il se trouve pourtant que le fameux conseil : « Il ne faut pas parler aux étrangers » peut s'avérer inutile si l'on prend en compte le fait que les agresseurs sont d'abord des connaissances de l'enfant. Ce dernier mis en confiance se trouve facilement entraîné par son prédateur, la vigilance est donc à actionner au niveau de l'environnement immédiat de l'enfant, à commencer par le voisinage et la cellule familiale lorsque des signes de perversion ou de vice se font jour. Un enfant sur cinq a pu être sauvé à Alger Devant un tel constat d'alarme, l'on se demande comment les criminels arrivent-ils jusqu'au bout de leur acte vil et pourquoi les chances d'intervenir avant l'irréparable semblent si minces. Pourquoi n'étions-nous pas arrivés à sauver les 25 enfants des griffes de leurs assassins l'année dernière ? Le cas de Yacine, dont le corps inanimé a été trouvé grâce à un chien renifleur utilisé en dernier recours par des amis de la famille, a été plus qu'éloquent sur le manque de moyens de réaction rapide face à l'enlèvement. « Le système d'alerte a été redéfini. Nous actionnons tout un système de recherche dans la minute qui suit la disparition de l'enfant, afin d'éviter tout retard. Dans pareil cas, il est impératif d'agir vite car les premières heures sont cruciales », explique Samir Khaoua, chef de la cellule communication au niveau de la sûreté de wilaya d'Alger. Notre interlocuteur indique que les brigades cynophiles sont mises à contribution en renfort à tous ce qui se rapporte au protocole de recherche et d'alerte. Le commissaire Khaoua précise que l'enquête qui est diligentée touche tout le voisinage de l'enfant disparu, y compris la cellule familiale. « Il ne s'agit pas de réseaux de kidnappeurs mais d'actes individuels pouvant émaner de membres de la famille. » Samir Khaoua nous informe que la structure de police de la wilaya d'Alger a traité durant l'année 2007 cinq cas d'enlèvement d'enfants âgés entre 6 et 12 ans. « La plupart des agresseurs sont sans profession et cherchent à faire subir des sévices sexuels à leurs victimes », indique notre interlocuteur en notant que, dans trois ou quatre cas sur cinq, ces agresseurs appartiennent à l'environnement des victimes. Sur les cinq cas traités, un enfant a pu être sauvé avant l'irréparable.