Ce groupe pharmaceutique soigne aussi l'image de l'Algérie. Convaincre, comme vient de le faire Ali Aoun, 21 ambassadeurs accrédités à Alger à prendre la route pour Médéa à l'effet de visiter le complexe antibiotique, est un véritable tour de force. L'événement a eu lieu mercredi dernier. La presse nationale aussi est venue en force. Une trentaine de journalistes ont pu ainsi prendre acte de la reprise des «promenades» dans la région. Une région longtemps prise en étau par le terrorisme qui a culminé avec l'assassinat, qui a fait le tour du monde, des moines de Tibhirine. Depuis, Médéa, cette ville d'histoire, d'art et de culture, Médéa berceau de la civilisation ottomane, Médéa ornée de magnifiques vergers et de vigne de haute facture, allait devenir inhospitalière, dangereuse. Une ville de tous les risques qu'il fallait éviter à tout prix. Ainsi en avaient décidé le GIA et ses bandes armées. L'armée et les services de sécurité ont fini, au prix de beaucoup d'efforts tant le terrain est difficile, à «nettoyer» les maquis environnants. Mais l'image dévastatrice qui «collait à la peau» de la région n'allait pas s'effacer aussitôt. Tous voyages d'observateurs sur les lieux et leurs témoignages du retour à la normale étaient les bienvenus. L'Algérie s'y emploie. Saïdal y contribue. Possédant dans la région un complexe antibiotique unique en Afrique et dans le monde arabe, le groupe pharmaceutique algérien s'est donc proposé d'en ouvrir les portes à des visiteurs de marque. «Cette journée portes ouvertes répond à un triple objectif», a précisé le P-DG du groupe, M.Aoun lors du point de presse tenu à l'issue de la visite. A celui de démontrer la «normalisation» de la région citée plus haut, s'ajoutent, en effet, l'aspect marketing et la mise en contact des responsables du complexe avec le monde des affaires pour une politique d'exportation audacieuse. Le complexe antibiotical de Médéa, qui a coûté la bagatelle de 450 millions de dollars (il en coûterait 10 fois plus aujourd'hui) pour sa réalisation, a ouvert ses portes en 1986. S'étendant sur 25 ha, il comporte quatre entités: l'unité de production des matières premières, l'unité de production des spécialités pharmaceutiques, les laboratoires de contrôle de qualité et une imprimerie. Une production de principes actifs pénicilliniques et non penicilliniques en matières premières et produits finis parfaitement intégrée. De l'état de souche au médicament vendu en officine. Outre la couverture des besoins nationaux, le complexe exporte dans nombre de pays la matière première produite. Sont venues s'y ajouter, lors de la visite de mercredi dernier, la confirmation de l'intérêt du Soudan et du Nigeria ainsi que la volonté de la Jordanie, principal importateur de l'Algérie, d'augmenter son volume d'investissement actuel. L'ambassadeur du Liban est venu, quant à lui, carrément passer commande suite à un protocole passé il y a quelques mois avec Saïdal. Il n'empêche que le succès ne «fait pas tourner la tête» aux responsables de Saïdal qui n'occultent pas que des améliorations sont encore possibles. Agir sur la qualité de l'emballage et sur une norme plus confortable de certains comprimés et gélules. Tout ceci sans perdre de vue l'exigence de prix compétitifs à même de garantir une présence effective sur le marché. Saïdal compte rééditer «l'excursion» très bientôt à l'adresse d'un autre groupe d'ambassadeurs qui, pour des raisons de calendrier, n'a pu être présent mercredi dernier. Comme on peut le constater, l'envergure du complexe et sa renommée internationale sont une chance pour Médéa qui ne rate pas de telles occasions pour sa propre promotion. C'est pourquoi, lors du déplacement des ambassadeurs invités de Saïdal, le wali, ravi d'une telle visite, a tenu à être de la partie en offrant le déjeuner à l'importante délégation. La «thérapie» induite par une telle initiative est décidément à «large spectre».