Il a sillonné l'Afrique et l'Asie, allant soutenir des mouvements de libération, avant de s'installer définitivement à New York. Ce Che Guevara des mouvements de libération à travers le continent africain est très peu connu de ses compatriotes. Son image hante encore les corridors du siège des Nations unies à Manhattan. Boubaker Adjali, Bob pour les intimes (Kapiaça en Angola et Nicolaus Husseini au Mozambique), est né en 1939 à Meskiana, petit village de l'Est algérien. En présence de deux présidents d'assemblées générales et d'autres illustres personnalités politiques et diplomatiques, un vibrant hommage a été rendu la semaine passée à ce fils des Aurès. Eminent membre de la communauté et de l'ONU, Boubekeur Adjali s'est éteint à l'âge de 68 ans. Il rejoint les rangs du FLN à l'âge de 17 ans comme Moussebel avant de regagner la fédération de France. Blessé à Paris lors d'une action armée, il est évacué en Allemagne pour être soigné. Par la suite, et à la demande du FLN, il se rend à Prague en Tchécoslovaquie pour y faire des études de cinéma. Il rejoint ensuite l'ALN et il est démobilisé à l'Indépendance, en septembre 1962. Il devient alors responsable de la section audiovisuelle de la Commission Centrale d'Orientation sous les ordres directs de Salah Louanchi jusqu'en Juin 1965 avant de quitter le pays en 1967. Polyglotte et de sensibilité marxiste, Boubaker Adjali commence alors une vie de soutien engagé aux côtés des mouvements de libération d'Afrique et d'Asie. C'est ainsi qu'il écrit et réalise des documentaires sur la lutte des Palestiniens (Fdlp), le Pflog (Oman) et plus tard le Fretilin (Timor Est). Il s'est engagé également auprès d'autres mouvements de libération africains, comme le Mpla en Angola, le Frelimo au Mozambique et surtout l'ANC de Mandela en Afrique du Sud, en passant par le Paigc de Guinée Bissau, le Swapo de Namibie sans oublier bien évidemment le Polisario de la République sahraouie. Polyglotte. Personnage incontournable à l'ONU (New York, sa ville d'adoption) il a vécu sans aucune compromission. Depuis son plus jeune âge, sa vie a été un long combat pour la liberté de son pays, l'Algérie pour lequel il n'a jamais cessé d'oeuvrer et pour tous les autres pays du Tiers-Monde. De 1994-1995, il a été le conseiller du président de la 49e session de l'Assemblée générale de l'ONU, M.Amara Essy, ministre des Affaires étrangères de Côte d'Ivoire. Par ailleurs, de 1999-2000, il a exercé la fonction de conseiller diplomatique du président de la 54e Assemblée générale des Nations unies, Dr Theo Ben Gurirab, ministre des Affaires étrangères de la Namibie. Il a également été Conseiller spécial auprès du président du conseil économique et social de l'ONU, en 2001. Sa vie durant, il s'est consacré aux différents combats pour la liberté des peuples à travers le monde et plus particulièrement en Afrique. Il a ainsi séjourné dans les maquis du Mozambique avec le Frelimo et en Angola avec les combattants du MPLA, réalisant un reportage photographique, présenté aux Nations unies. Il a pénétré clandestinement avec les combattants du Fdplp en Palestine occupée, dans les maquis d'Oman avec le Fplog pour filmer et réaliser des reportages photographiques. Il a été un des premiers à parler des affres vécues par la population du Timor et permis ainsi à la communauté internationale d'entendre parler de la lutte d'indépendance du Timor par le bais de ses réalisations de films et documentaires. Il participe également par ses écrits en faveur de leur lutte dans plusieurs journaux quotidiens, hebdomadaires et mensuels. Ses écrits paraissent dans Africasia, Paris (France), Angola in Arms, Lusaka (Zambie), Africa Now, Londres (Grande Bretagne), Algérie Presse Service, Demain l'Afrique, Paris (France), Etumba, Brazzaville (Congo), Kommentar, Stockholm (Suède), LSM Vancouver, (Canada), Mohammed Speaks Chicago (USA), Motive Nashville (USA), Southern Africa, New York (USA), The Nationalist, Dar Es Salam (Tanzanie), Times of Zambia, Lusaka (Zambie), The Daily Mail, Lusaka (Zambie), Tricontinental, La Havane (Cuba), World Outlook, New York (USA). Boubaker Adjali a également réalisé des documentaires dont: Le 23e cessez-le-feu sur la guerre du Liban (version anglaise), île de la crainte, île d'espoir sur l'occupation de Timor par l'Indonésie et la lutte du Fretilin pour l'Indépendance, La Marée se lève (version anglaise) sur l'Afrique du sud (film qui fut choisi par les Nations unies pour circulation dans le monde entier pendant l'année contre l'Apartheid 1978-1979), De la terre à la lune! Le nouvel ordre économique et les matières premières du tiers monde, Indépendance et unité: Le dixième anniversaire de l'OUA, ´´Nous existons´´: les Palestiniens. Il a produit également une brochure pour le National Long-Term Perspective Studies Nltps (Pnud) intitulée ´´Futur africain´´ et a entrepris une surveillance sectorielle pour l'Incd (La convention internationale pour combattre la désertification) pour la préparation d'un film documentaire sur la désertification. De ses travaux multimédias, on peut citer une exposition à l'Unesco sur la désertification. Il a, en outre, été représentant auprès de l'ONU d'une ONG: le conseil pour le développement de la recherche économique et sociale en Afrique (Codesria) de Dakar (Sénégal), et, journaliste accrédité représentant auprès de l'ONU de ´´Demain l'Afrique‘' et ‘'Third world Diplomacy''. Entre 1985 et 2000, Boubaker Adjali a été conseiller spécial de la Mission Permanente de la Côte d'Ivoire auprès de l'ONU et également conseiller du ministre des Affaires du même pays. Repose en paix monsieur «mouvement de libération». (*) President of the Algerian-American National Association