Le secrétaire général de la Ligue arabe a quitté hier Beyrouth sans avoir réussi à trouver un accord entre les deux parties libanaises en opposition. La séance parlementaire prévue demain pour l'élection d'un président du Liban a été reportée ce week-end pour la 14e fois après un nouvel échec de médiation arabe, les deux camps rivaux s'accusant mutuellement de bloquer une solution à la crise. Peu après le départ du secrétaire de la Ligue arabe, Amr Moussa, de Beyrouth hier, le secrétariat général du Parlement a annoncé le report de la séance au 26 février. «Nous n'avons pas réalisé le progrès voulu, mais nous poursuivrons nos contacts jusqu'à la tenue d'une nouvelle rencontre (avec des représentants de la majorité et de l'opposition) dans la deuxième moitié de février», a déclaré M.Moussa au quotidien proche de l'opposition As Safir. «La situation est compliquée», a-t-il ajouté, faisant état d'une «crise de confiance» entre la majorité pro-occidentale et l'opposition soutenue par Damas et Téhéran, qui n'arrivent toujours pas à élire, à la présidence, le chef de l'armée, le général Michel Sleimane, considéré comme un candidat de consensus. A son départ de l'aéroport de Beyrouth, le secrétaire général de la Ligue arabe, a souligné toutefois qu'il poursuivrait sa mission. «L'initiative arabe est toujours de mise. Il y a un espoir auquel nous sommes attachés et que nous voulons exploiter», a-t-il indiqué, tout en précisant qu'«il ne souhaitait exagérer cet espoir». Arrivé jeudi, M.Moussa a tenté pendant plus de quatre heures de rapprocher les positions de la majorité et de l'opposition, organisant une rencontre entre deux leaders de la majorité, Saâd Hariri et Amine Gemayel, avec un responsable de l'opposition, le chrétien Michel Aoun, qui réclame une minorité de blocage au sein du gouvernement. Le plan arabe proposé pour régler la crise prévoit l'élection immédiate du président de consensus, suivie de la formation d'un gouvernement d'union nationale, sans minorité de blocage et l'élaboration d'une nouvelle loi électorale. Les deux camps se sont rejeté la responsabilité de ce nouvel échec. «La réunion de vendredi n'a pas réalisé de progrès réel et nous faisons du surplace», a déclaré Gebrane Bassil, responsable politique du Courant patriotique libre, mouvement présidé par M.Aoun. «L'autre camp n'est pas prêt à accepter la participation réelle (de l'opposition au pouvoir)», a-t-il ajouté, insistant sur la revendication de l'opposition d'une minorité de blocage au sein du futur gouvernement. Il a de même souligné que l'opposition n'acceptera d'élire Michel Sleimane, à la présidence, que dans le cadre d'un «accord global qui comprendrait la formation d'un gouvernement bien défini, car nous ne voulons plus du gouvernement de Fouad Siniora», soutenu par l'Occident. Un membre de la coalition au pouvoir, Farès Soueid, a déclaré, de son côté, que le plan de la Ligue arabe «n'est pas discutable». «Le plan appelle à l'élection de Michel Sleimane, on doit donc procéder à son élection, mais l'opposition s'oppose à cela et réclame un accord global sur la répartition des portefeuilles ministériels dès maintenant», déplore-t-il. Le Liban, qui subit sa plus grave crise depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), est sans président depuis la fin du mandat du président Emile Lahoud, le 23 novembre.