La décision de poursuivre ou de suspendre une trêve cruciale pour la stabilité de l'Irak est entre les mains du chef radical chiite Moqtada Sadr, ont annoncé hier des responsables de son mouvement. Une suspension des opérations militaires de l'armée du Mahdi avait été annoncée à la fin du mois d'août, pour une période de six mois, et elle est considérée par le commandement américain en Irak comme une des raisons de la baisse des violences dans le pays. ´´La décision est entre ses mains´´, a annoncé, à Najaf, Liwaa Smaisim, le chef du bureau politique du mouvement sadriste dans la ville sainte chiite, en référence à Moqtada Sadr, dont la milice est la plus puissante d'Irak, avec quelque 60.000 combattants. ´´En ce qui nous concerne, toutes les options restent ouvertes´´, a-t-il ajouté. Une décision doit intervenir avant la fin du mois de février. Selon Liwaa Smaisim, la question a été étudiée sous tous ses aspects ´´négatifs et positifs´´, et l'étude a été soumise à Moqtada Sadr. ´´Les rapports en la matière ont été soumis à son éminence Moqtada Sadr, et pour le moment il ne s'est pas prononcé. Toutes les options sont possibles´´, a indiqué également le porte-parole du mouvement sadriste à Najaf, cheikh Salah al-Obaïdi. Liwaa Smaisim a souligné que la décision annoncée le 29 août de suspendre les activités militaires de l'armée du Mahdi contre les autres groupes irakiens et contre les troupes américaines avait été ´´intelligente et courageuse´´. A ses yeux, ´´elle était censée faire progresser le processus politique paralysé´´. Le commandement américain avait salué cette annonce et, depuis, rappelait avec insistance l'importance de l'engagement du ´´seyyed Moqtada Sadr´´ en utilisant son titre honorifique. Dans le même temps, les troupes américaines ont poursuivi leurs opérations contre des ´´éléments indisciplinés´´ du mouvement sadriste, notamment dans le quartier de Sadr city, au nord de Baghdad, bastion de l'armée du Mahdi. Elles ont aussi attaqué les ´´groupes spéciaux´´, cellules extrémistes chiites, accusées par les Américains d'être des agents stipendiés des Gardiens de la Révolution iranienne. Le mouvement sadriste a également dénoncé ce qu'il considère comme des agressions par les services de sécurité irakiens contre ses responsables et ses sympathisants dans des villes du Centre et du Sud de l'Irak, les régions majoritairement chiites. Il accuse régulièrement le gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki d'avoir adopté une attitude partisane à son égard et de favoriser une formation concurrente pour le contrôle de la communauté chiite, le Conseil suprême islamique d'Irak, d'Abdel Aziz Hakim. Ces tensions ont conduit des partisans du mouvement sadriste à remettre en question le bien-fondé de la trêve et le 7 février, Moqtada Sadr a dû menacer d'exclusion les membres de sa milice qui ne respecteraient pas son mot d'ordre. ´´Tout membre de l'armée du Mahdi responsable d'actes de violence pendant le cessez-le-feu sera exclu du mouvement Sadr´´, avait déclaré cheikh Al Obaïdi. Cette mise en garde était intervenue après des affrontements entre des éléments de la milice et l'armée américaine à Baghdad.