La bureaucratie, la corruption et le facteur sécuritaire n'ont pas empêché les hommes d'affaires arabes d'investir en Algérie. Belle. Vierge. Attirante. L'Algérie fait saliver les investisseurs étrangers. Les arabes arrivent en tête. Les investisseurs arabes, issus des pays du Golfe notamment, cherchent à conquérir le marché algérien. De grandes entreprises soumissionnent de grands projets en Algérie. Les hommes d'affaires arabes sont prêts à investir près de 100 milliards de dollars en Algérie. Tous secteurs confondus, tels l'agriculture, l'industrie, l'agroalimentaire, le tourisme, l'informatique et les télécommunications. Le premier à avoir annoncé la couleur est le groupe émirati Immar. Ce groupe a manifesté son souhait d'investir quelque 25 milliards de dollars. Mieux encore, ce groupe immobilier aurait proposé de porter ses investissements en Algérie à 30 milliards de dollars. Dans le secteur du tourisme, le frère aîné d'Oussama Ben Laden, Tarek Ben Laden, projette un investissement de 50 milliards de dollars pour la construction d'une «ville touristique intégrée» sur la côte algérienne. La société émiratie Mubadala Development Company (MDC) a créé, quant à elle, une fonderie d'aluminium, à Beni Saf, dans la wilaya de Aïn Témouchent. MDC a réservé une enveloppe financière de 5 milliards de dollars. Les Emiratis sont encore en force. Le groupe Eiic prévoit d'investir 5 milliards de dollars dans la réalisation du projet Dounia Parc à Alger. La même société envisage de conquérir le secteur laitier en Algérie. Elle compte construire la plus grande ferme laitière d'Afrique en Algérie. D'un investissement global de 150 millions de dollars, le projet vise la constitution d'un cheptel de 10.000 vaches laitières. L'Algérie est devenue ainsi une terre d'opportunité pour les pays arabes. En dépit des blocages administratifs, de la bureaucratie et du phénomène de la corruption, les pays arabes veulent «prendre le risque». Le facteur sécuritaire qui freine de plus en plus les pays occidentaux pour venir investir en Algérie, n'a pas empêché, pour autant, les pétrodollars arabes d'atterrir en Algérie. Les investisseurs arabes ont osé défier les blocages situés au niveau des crédits bancaires ainsi qu'au niveau du foncier. Le 3e Forum arabe de l'investissement, organisé le 20 janvier à Alger, témoigne de cette volonté. Ils étaient plus de 200 hommes d'affaires arabes à y avoir pris part. C'est dans cette conjoncture que l'Algérie se tourne de plus en plus vers des investisseurs arabes pour booster un peu plus l'économie nationale. Lors de ces quatre dernières années, les Koweïtiens, les Saoudiens, les Emiratis ainsi que les Egyptiens ont totalisé plus de la moitié des IDE (investissements directs étrangers) réalisés en Algérie. Sur plus de 500 projets recensés -IDE- plus de 250 ont été arrachés par les investisseurs issus de ces pays. Cette offensive arabe s'explique par celle marquée par les entreprises françaises. Celles-ci ont quitté le pays. Elles ont enregistré un net recul ces dernières années. Elles ont tourné le dos au marché algérien. D'ailleurs, bon nombre d'entre elles optent pour la politique des bureaux de liaison installés en Algérie. La compagnie française Michelin-Algérie a préféré rapatrier les familles de ses cadres. Elle a justifié sa décision par le facteur «sécuritaire». Ainsi, une quarantaine de Français ont été évacués. Cette société avait fermé ses portes durant la tragédie nationale pour se réinstaller en 2002. La société Renault a choisi le Maroc pour installer son usine. Les investisseurs français se limitent, seulement, à marquer leur présence lors des manifestations économiques organisées en Algérie, telle la Foire internationale d'Alger ainsi que d'autres Salons professionnels. Sans plus. De même, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les chefs d'entreprises algériens et leurs homologues français. Malheureusement, ces rencontres n'ont abouti à aucun projet concret. Conscient de ce recul français en Algérie, le président français, Nicolas Sarkozy, a tenté de repositionner les entreprises françaises sur le marché algérien. Pari réussi. Le groupe pétrolier Total a conclu un partenariat de 1,5 milliard d'euros avec l'entreprise nationale Sonatrach pour la construction d'un complexe pétrochimique à Arzew. Cet accord lui rapportera 1,5 milliard d'euros. Idem pour le groupe Alstom qui a reçu une commande pour une centrale à gaz d'un montant total de 1,3 milliard d'euros. Gaz de France, pour sa part, a renouvelé, par la même occasion, son contrat d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié. Devant le «chantage» économique imposé par les Français, ce sont les pays arabes qui profitent du climat d'affaires offert par le marché algérien.