Le président a commencé, hier, son périple africain au Bénin où il mis en exergue les situations affectant le Darfour et le Kenya. Le président américain George W.Bush a commencé hier sa dernière tournée en Afrique par une courte escale au Bénin où il a plaidé pour un partage du pouvoir au Kenya et une «robuste» force onusienne dans la province soudanaise du Darfour ravagée par la guerre civile. «Concernant la visite (au Kenya demain) de Condoleezza Rice, l'essentiel est que les dirigeants se verront délivrer de première main le message clair des Etats-Unis qui désirent la fin des violences et un accord de partage du pouvoir qui aidera ce pays à surmonter ses difficultés», a déclaré M.Bush lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue béninois Boni Yayi. Selon son porte-parole Sean McCormack, Condoleezza Rice doit s'entretenir demain avec le président Mwai Kibaki et son rival Raila Odinga, qui accuse le président d'avoir été réélu frauduleusement le 27 décembre 2007. Les violences politico-ethniques post-électorales ont fait plus de 1000 morts et environ 300.000 déplacés et ont été le révélateur de conflits fonciers et ethniques profonds et jamais résolus depuis l'indépendance en 1963. Sur le Darfour (Soudan), M.Bush a réclamé une «robuste» force des Nations unies. Evoquant la décision de son administration de ne pas y envoyer de troupes américaines, il a estimé qu'il «n'y a pas d'autres chemins possibles, à part celui des Nations unies et d'une force de maintien de la paix». Il a également indiqué avoir demandé l'aide de la Chine. Dans un entretien diffusé vendredi par Radio France Internationale, il avait de nouveau qualifié de «génocide» le conflit au Darfour et s'était dit «frustré par la lenteur» des développements «sur le terrain». La Minuad, la force «hybride» ONU-Union africaine (UA), doit devenir à terme la plus importante force de maintien de la paix dans le monde (20.000 soldats et 6000 policiers) mais, à ce jour, seulement 9000 hommes ont été déployés. Depuis février 2003, la guerre civile a fait quelque 200.000 morts et plus de 2 millions de déplacés, selon l'ONU, chiffres contestés par Khartoum qui ne parle que de 9000 morts. Après le Bénin, où c'était la première visite d'un président américain, M.Bush devait se rendre en Tanzanie, deuxième étape de sa tournée africaine d'une semaine qui le mènera également au Rwanda, au Ghana et au Liberia. D'une façon générale, pour son dernier voyage africain avant de céder le pouvoir en janvier, George W.Bush tient visiblement à montrer l'engagement des Etats-Unis aux côtés de l'Afrique, tant dans la résolution des conflits que dans la promotion de la démocratie ou encore la lutte contre des fléaux tels que le sida, la malaria, voire la corruption. «C'est un immense territoire, avec de nombreux pays; bien sûr tout n'est pas parfait, mais il y a plein de "success stories" auxquelles les Etats-Unis sont fiers d'être associés», a-t-il déclaré. Au plan bilatéral, MM.Bush et Yayi ont évoqué la lutte contre le paludisme, ainsi que les progrès dans la réalisation des Objectifs du millénaire de développement (OMD). Adoptés par les dirigeants mondiaux lors d'un sommet à New York en 2000, ces OMD visent à réduire de moitié la grande pauvreté d'ici à 2015. Dans ce cadre, Washington a accordé au Bénin 307 millions de dollars pour la période 2006-2011. Depuis 1990, année du rétablissement de la démocratie au Bénin, Washington a également octroyé au Bénin des aides globales d'environ 250 millions de dollars pour l'éducation, la santé, la démocratie et la bonne gouvernance. «Le message de cette visite est fort. Nous n'avons plus désormais le droit à l'erreur. La culture de la démocratie est essentielle pour entrer dans le concert des nations», a déclaré le président Boni Yayi après le départ d'Air Force One.