Le premier responsable de l'Office national de l'aliment du bétail, nous livre ses impressions sur cette crise. L'Expression: Ces derniers jours, les éleveurs se plaignent d'un manque d'approvisionnement en aliments du bétail. De plus, les prix de ces derniers ont augmenté de près de 30%. Quelles en sont les raisons? M.Bouzid Boukersi: En matière d'approvisionnement en aliments du bétail, et pour notre clientèle traditionnelle, notre entreprise répond à la totalité des besoins exprimés, et nous pouvons répondre à toute demande additionnelle. Cependant, il y a lieu de préciser que le marché de l'aliment est pratiquement dominé par une multitude de fabricants privés représentant environ 80% des capacités de production et de marché. Une grande partie des éleveurs préfèrent se tourner vers les fabricants privés pour éviter le fisc. En ce qui concerne la situation des prix, celle-ci découle directement de l'augmentation vertigineuse des tarifs des matières premières principales, à savoir le maïs et le tourteau de soja, qui représentent, à eux deux, environ 85% dans les coûts de production; cette augmentation d'environ 100% en 12 mois a été aggravée par la hausse du transport maritime de l'ordre de 300% en deux ans. La hausse des matières premières s'explique par l'utilisation de plus en plus importante du maïs dans la production de biocarburant et une demande croissante de la Chine et de l'Inde. Ces phénomènes ont naturellement eu un impact direct sur les prix des aliments du bétail, compris entre 25 et 40% selon les gammes d'aliments. Certains pays, pour atténuer l'impact de ces hausses, ont pris la décision de suspendre les taxes fiscales et parafiscales sur ces produits. Quelles seront les répercussions directes de cette situation, notamment sur le prix du poulet? Naturellement, les prix des aliments du bétail ayant fortement augmenté, la répercussion sur les prix des produits avicoles (poulet et oeufs de consommation) est inévitable, car l'aliment représente environ 80% du coût de production de ces produits. Cette croissance des prix s'est conjuguée au rétrécissement de l'offre, du fait de l'abandon de l'activité par une bonne partie des éleveurs. Quelles sont les mesures que votre office compte prendre pour rassurer les éleveurs et stabiliser la situation? Tout d'abord, il y a lieu de préciser que l'Onab n'est plus un office depuis 1996. Il n'est donc plus un organe de régulation, mais il reste soumis en tant qu'EPE aux règles de la commercialité et de la concurrence. Cependant, nous tenons à rassurer nos fidèles clients quant à la satisfaction totale de leurs besoins. Il demeure entendu que toute demande additionnelle ne peut être satisfaite que par l'obtention d'un financement bancaire supplémentaire. A votre avis, combien de temps durera cette situation de crise? Il faut préciser que cette crise est bien installée dans la durée, compte tenu de la tendance lourde des marchés internationaux des intrants et du caractère extraverti de la filière avicole.