Chaleur, prix exorbitants des aliments du bétail et marché parallèle ont fini par achever la filière du poulet. Le président-directeur général du directoire de l'Office national des aliments du bétail est formel: il est possible de proposer la viande de poulet à 250 dinars le kilogramme. Il est même attendu que le prix baisse en deçà de ce prix si l'offre du secteur privé est importante. Bouzid Boukersi a indiqué hier à la radio que son entreprise est capable de satisfaire la demande nationale à hauteur de 10%. Il compte porter cette capacité à 20% en 2014 avec 60.000 tonnes. Actuellement, l'Algérien n'en consomme que 8 kilogrammes par an, soit 300.000 tonnes au total, et l'objectif est de porter ce ratio au double en 2014. La filière est néanmoins désorganisée comme en témoigne la prolifération des élevages et des abattages clandestins, ce qui n'est pas sans risque sur la santé du consommateur. Une planification des implantations des unités à construire à l'avenir s'avère nécessaire pour porter le produit au plus près du consommateur, selon le même responsable. Les données actuelles démentent l'idée reçue selon laquelle le poulet est la viande du pauvre. Ce dernier a d'autres priorités en matière de dépenses. Il y a les factures du téléphone portable et des mensualités de nombreux crédits à rembourser, souligne Bouzid Boukersi pour justifier le niveau bas de consommation. Les aviculteurs doivent alors entamer une opération de charme pour séduire le consommateur. Avant cela, des procédures d'organisation s'imposent comme la perspective de création d'un office interprofessionnel de la filière. Cela permettrait au moins de réagir aux crises alimentaires comme lors de l'apparition d la grippe aviaire en 2005 et qui a influé sur la consommation. La hausse des prix des aliments depuis 2008 a conduit de nombreux professionnels à quitter la filière, réduisant d'autant l'offre. Pour ce Ramadhan, ce sont 4200 tonnes de viande de poulet congelée qui seront mises sur le marché. Cela pourrait freiner la hausse des prix annoncée depuis quelques jours par Mokrane Mezouane, président de l'Association des aviculteurs. L'année dernière, la canicule a provoqué la mort d'environ deux millions de poulets et les craintes sont fortes pour 2010. Cette perte destinée initialement au marché au cours du mois de Ramadhan dernier, s'est traduite par une flambée des prix qui ont atteint 400 DA/kg. La majorité des aviculteurs ne sont pas assurés et sont sous-équipés car ne disposant pas de système de climatisation en plus de l'absence d'alimentation en eau. Mezouane a souhaité que le ministère de l'Agriculture prenne en charge les problèmes de la filière. Actuellement, l'Onab s'engage à livrer les poussins et l'aliment afin de récupérer le poulet prêt à l'abattage avec une marge pour l'éleveur. Cela peut soulager les éleveurs qui continuent d'appréhender les effets de la chaleur. Des wilayas comme Tizi Ouzou, Aïn Defla et Tissemsilt, qui sont des centres importants de production de viandes blanches, sont soumises à la canicule avec le risque d'enregistrer de nouveaux préjudices suite à cette vague de chaleur. Le ministère de l'Agriculture a été sollicité à plusieurs reprises pour soutenir les aviculteurs afin de pouvoir acquérir des ventilateurs de grande puissance. Un appel est également lancé pour aider les éleveurs des régions enclavées afin d'installer des systèmes d'alimentation en eau et électricité. La mise à niveau du système d'élevage dans ses différents segments permettra, selon les professionnels, de réduire les prix de revient du poulet et de le rendre accessible à toutes les bourses. Pour la viande rouge, la mobilisation de la Société de transformation et de conditionnement des viandes est aussi totale. 5000 tonnes de viandes rouges seront importées, notamment d'Inde, pour approvisionner le marché pendant le Ramadhan. Les premières cargaisons sont parvenues en Algérie dès avant-hier et le prix de vente au kilo ne dépassera pas 500 dinars.