Le ministre français de l'Intérieur encourage les maires à créer des espaces dans les cimetières pour musulmans et juifs. L'écrasante majorité des Maghrébins musulmans morts «en exil» en général, et en France en particulier, sont enterrés dans leur pays d'origine, comme le recommande implicitement l'Islam. Mohamed Bechari, dirigeant au sein du Conseil français du culte musulman (Cfcm), a expliqué au quotidien français Le Figaro, que «les enfants de la deuxième ou troisième génération veulent voir leurs parents inhumés près d'eux, et non au bled». «Les familles ont fait souche en France», insiste, de son côté, Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, qui estime que «60% des personnes d'origine algérienne veulent maintenant reposer en France». Signe d'intégration? Le journal Le Figaro a eu accès à une circulaire, que Michèle Alliot-Marie, ministre française de l'Intérieur, s'apprête à signer cette semaine. Ce texte, écrit le journal dans son édition d'hier, encourage les maires à développer les carrés confessionnels dans les cimetières. Bien que les règles restent inchangées, il se veut nettement plus incitatif. Si les cimetières français sont des espaces laïques, le maire, par son pouvoir discrétionnaire, est autorisé à désigner l'endroit où les défunts seront inhumés et donc à créer de fait, des carrés. Le nouveau texte ne modifie rien, mais est, selon le journal, «un signe politique» à quelques semaines des municipales. Jusqu'à présent, les Algériens installés en France se cotisaient au sein d'amicales pour financer le rapatriement du corps en terre natale, Mais ces structures perdent quelque peu de leur cohésion, car ce rapatriement devient de plus en plus complexe et onéreux. Le gouvernement tunisien, précise Le Figaro, finance lui-même le rapatriement des dépouilles mortelles. De leur côté, les Marocains souscrivent des assurances bancaires spécifiques. Selon une étude menée par le Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte contre les discriminations (Fasild), 85% des défunts, originaires du Maghreb, sont enterrés au pays. Cela n'est point une obligation, loin de là, mais c'est l'expression d'un désir, voire d'une dernière volonté du défunt musulman. Tradition religieuse, fidélité à ses racines, sont une aspiration fort soutenue par les familles musulmanes du défunt et aussi, il faut le dire, par souci pratique pour les visites que rendent les proches aux défunts. Les coutumes ancestrales, empreintes d'essence religieuse, admettent mal une exhumation du corps d'un lieu pour un autre, d'où le refus des concessions foncières «temporaires». Par ailleurs, le musulman doit reposer entre les siens, le corps étendu sur le côté droit et le visage tourné vers La Mecque. Les communes françaises abritant un fort taux d'immigrés musulmans, font face aux demandes croissantes des familles musulmanes à ce propos. C'est un sujet sensible à l'approche des municipales marquées par les voix des émigrés dont la majeure partie est musulmane, originaire du Maghreb.