Ces grandes puissances qui s'immiscent dans les affaires nationales font craindre le pire à Louisa Hanoune. De prime abord, mettre dans le même sac l'ambassadeur de Grande-Bretagne, celui des Etats-Unis d'Amérique et le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem paraît invraisemblable. Tans pis pour la vraisemblance car Louisa Hanoune connaît bien la recette pour un tel «mélange». Elle brandit ses arguments en commençant par les déclarations «discourtoises» de l'ambassadeur de Grande-Bretagne sur la situation politique du pays. Dans une déclaration à la presse, l'ambassadeur du Royaume-Uni à Alger s'est exprimé sur la question de la révision constitutionnelle. Hendrew Henderson a estimé qu'en Algérie, «le processus politique est bloqué» et qu'«une bonne partie de la société a perdu espoir». Pour la responsable du PT, de pareils propos «sont inacceptables» et peuvent être interprétés comme une «ingérence dans les affaires internes du pays». Elle soutient, bec et ongles, que cette intervention «aura des répercussions néfastes sur les différentes sphères diplomatique, politique...mais aussi économique». Il y a ensuite les consultations de l'ambassadeur des Etats-Unis au sujet du troisième mandat...Depuis ces dernières semaines, l'ambassadeur des Etats-Unis rencontre des personnalités du monde politique sans pour autant faire de déclaration ou porter un quelconque commentaire. Mais c'est largement suffisant à Louisa Hanoune pour dire que ces rencontres ont une arrière-pensée politique à même de nuire à la stabilité du pays. L'ambassadeur des Etats-Unis a invité des associations locales afin de parler de la révision de la Constitution. Et probablement du 3e mandat. Une pratique dangereuse et une atteinte à la souveraineté de l'Etat algérien, selon Mme Hanoune. Les interventions itératives des responsables étrangers, notamment ceux issus de grandes puissances, font craindre le pire à la porte- parole du PT. En guise d'arguments, elle a précisé que «s'immiscer dans les affaires des autres nations est un concept dévié de sa vocation initiale, voire originelle». «Au début c'était au nom des droits de l'homme. Ensuite, de la démocratisation des systèmes, pour en finir, avec la révision de la Constitution.» Et de rétorquer: «La démocratie n'est pas un concept creux.» Enfin, elle cite l'enquête de l'ONU, sur les attentats du 11 décembre contre le siège du HCR à Hydra. Ce sont autant de thèmes qui défraient la chronique. Intervenant dans ce sens, la porte-parole du Parti des travailleurs, Mme Hanoune, a mis en garde contre ce genre d'ingérence, lors d'une conférence de presse animée hier à la Mutuelle générale des matériaux de construction à Zéralda. Cela étant, il n' y a pas que ces deux ambassadeurs dans le menu de la responsable du Parti des travailleurs. Elle y ajoute le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem qui en a pris pour son grade. Mme Hanoune a fustigé le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Elle le «corrige» même, en se référant à sa dernière déclaration quant à l'augmentation des salaires qui, selon lui, interviendra, probablement, à partir de mars avec effet rétroactif. «Probablement» est le vocable qui irrite l'oratrice. M.Belkhadem, poursuit-elle, «doit, tout d'abord, présenter ses excuses à la frange concernée pour le retard accumulé. Cette grille est sans effet, compte tenu de la flambée des prix ayant touché récemment les matériaux de construction.» «C'est une moquerie et une attaque contre les travailleurs», a-t-elle poursuivi. Pour la première responsable du PT, la prolifération du phénomène des harragas, du banditisme, pour ne citer que ceux-là, n'est qu'un corollaire immédiat de l'oubli dont sont victimes les jeunes et les travailleurs. En propos très clairs, Mme Hanoune a voulu que s'arrête le rouleau compresseur. La suspension de la grève des paramédicaux par la justice est, à ses yeux, une autre pratique qui illustre les dysfonctionnements enregistrés dans divers secteurs. Evoquant la privatisation des entreprises algériennes, celle de l'Agenor est donnée comme exemple, l'oratrice a pointé du doigt, encore une fois, la politique prônée par M.Temmar. «C'est un échec total», a-t-elle fulminé. En résumant ses mots, Mme Hanoune a précisé qu'en cédant facilement nos entreprises aux investisseurs étrangers, notre économie «continuera à boiter» aussi longtemps que possible.