C'est la fin d'une époque pour les terroristes et les djihadistes au nom d'Al Qaîda au Maghreb. Condamnations à mort et à perpétuité en cascade en Tunisie, coups de filet, ratissages et élimination d'individus et de cellules terroristes en Algérie et au Maroc. Zéro tolérance. La fin de la semaine dernière a été marquée par une intervention, à bottes enfoncées, de l'armée et de la justice sur le terrain de la lutte antiterroriste au Maghreb. Au pays de Ben Ali, 30 salafistes tunisiens ont été jugés pour «terrorisme» et complot présumés. Une peine capitale pour l'un des inculpés et perpétuité pour sept autres des 30 salafistes. Ce n'est, aucunement, une badinerie. Les 22 accusés restants n'étaient pas mieux lotis. Ils se sont vu infliger des peines allant de 30 à 3 ans d'emprisonnement. Les chefs d'inculpation sont si lourds: implication présumée dans des affrontements armés ayant fait, entre décembre 2006 et janvier 2007, 14 morts, dont un officier et un agent de sécurité. Outre l'accusation de «complot contre la sûreté intérieure», «tentative d'attaques visant à changer le régime», assassinats, maniement d'armes et adhésion à une organisation terroriste dénommée «Soldats d'Assad Ibn Fourat» qui avait, indique-t-on, établi un camp d'entraînement à Aïn Tbournek, sur les hauteurs de Grombalia (40km de Tunis). Au moment des faits, les autorités avaient indiqué avoir saisi six kalachnikovs, des explosifs et plans de sites des ambassades américaine et britannique. Selon elles, le noyau armé de la bande s'était introduit par la frontière algérienne, après un séjour dans les maquis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), devenu branche d'Al Qaîda au Maghreb. La justice tunisienne n'a donc fait que valider l'intolérance affichée par les autorités à l'égard de toute activité suspecte et/ou terroriste, mettant la sécurité de l'Etat tunisien en danger. Tout près de la frontière de ce pays, à Tébéssa, une wilaya frontalière, les services algériens chargés de la lutte antiterroriste ont abattu, à la fin de la semaine dernière, cinq terroristes activant sous la coupe d'Al Qaîda Maghreb. Deux seulement des cinq terroristes mis hors d'état de nuire étaient de nationalité algérienne, les trois autres étaient de nationalité tunisienne, marocaine et libanaise, selon certaines sources sécuritaires. Mais l'information selon laquelle un terroriste libanais faisait partie du groupe est à prendre avec des pincettes, jusqu'à confirmation effective. Car, cela pourrait être inséré dans une stratégie qui commence à se faire connaître, destinée à remettre sur le devant de la scène le groupe du Hezbollah libanais. Une campagne similaire vient d'être aussi lancée depuis le Royaume du Maroc. Le coup réussi par les services de sécurité algériens à Tébéssa est l'effet d'un important ratissage mené entre Oued Khenchela et Tébessa. Il y a quelques jours, quatre autres terroristes de nationalité libyenne ont été abattus dans la même région. Quelques jours auparavant, les services de sécurité ont pu éliminer aussi une quinzaine d'autres éléments armés, tandis que d'autres sont encore poursuivis, sur les hauteurs de Tébessa, par un important nombre d'unités mobilisées par l'Armée nationale populaire (ANP). D'autres ratissages aussi importants sont menés, également, à Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès, Relizane, Tlemcen et Sidi Bel Abbès. C'est une stratégie qui consiste à fermer les issues des frontières aux maquis algériens. Au Royaume chérifien, un important coup de filet a été opéré la semaine dernière. Un important réseau islamiste a été démantelé. Il avait l'intention, d'après les autorités du Royaume, d'assassiner des ministres, des militaires et des Juifs. Le coup de filet a permis d'appréhender quelque 32 personnes. Elles sont accusées d'appartenance ou complicité avec un «important réseau terroriste à soubassement jihadiste», d'après le ministre marocain de l'Intérieur, Chakib Benmoussa. Selon lui, ce réseau avait «des liens avec des groupes et organisations terroristes internationaux, particulièrement Al Qaïda, le Groupe islamique combattant marocain (Gicm) et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc, algérien, devenu Branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique)». Le premier responsable de la sécurité marocain a laissé entendre également que «des tentatives ont été entreprises pour l'organisation d'entraînement dans des centres du Hezbollah au Liban en 2002». Bizarre est, en tout cas, cette expérimentation nouvelle tendant à remettre le Hezbollah sur le devant de la scène maghrébine, en Algérie et au Maroc particulièrement. Ça sent mauvais pour le Liban.