L'Espagne et l'Italie sont les premières destinations où ils sont «récupérés» par des réseaux mafieux de la drogue et des armes. Les harragas risquent six mois à cinq ans de prison et une amende allant de 10.000DA jusqu'à 50.000DA. C'est ce qu'a affirmé hier Youssef Zerir, chef de service des Forces navales invité de l'émission de la Chaine1 Tahaoulat de la Radio nationale. S'ils échappent aux dents de la mer, les harragas tomberont désormais entre les griffes de la prison. «Les Harragas encourront des peines allant jusqu'à cinq de prison» a-t-il précisé. C'est entre autres mesures prises par les autorités algériennes pour contenir ce phénomène traîné tel un boulet. Une mesure, par ailleurs, qualifiée de scandaleuse par les observateurs estimant qu'«une répression en pareil cas ne fera que compliquer et accentuer le ressentiment déjà trop fort de ces jeunes». Cette décision permettra de réduire le nombre de tentatives de ces clandestins, a-t-il souligné. L'émigration clandestine touche les différentes franges de la jeunesse: les étudiants, les commerçants, les fonctionnaires et les chômeurs. Leur âge varie entre 18 et 40 ans. Pourtant, les préoccupations de cette jeunesse, le phénomène de l'émigration clandestine ou les harragas, sont inscrites comme étant «la priorité des priorités» de l'Etat et du président de la République. Une rencontre spéciale gouvernement-walis a été consacrée en octobre dernier à la jeunesse. Durant plusieurs années, la loi ne touchait que les jeunes gens voulant partir à l'étranger dans des navires commerciaux et de transport de voyageurs. Actuellement, le mode d'emploi a pris d'autres formes en utilisant des petits bateaux ou des barques de pêche, selon l'intervenant de l'émission. «La nouvelle loi permettra de mettre un point final à la construction de ces bateaux sur nos côtes», a-t-il affirmé. Plus grave, les «vaisseaux de la mort» ne peuvent pas dépasser les 40 miles à cause des mauvais matériaux de fabrication, selon Youssef Hakem, le commandant des opérations et de sauvetage, lors de cette émission. Aussi, ces tentatives ne peuvent aboutir dans des conditions pareilles, affirme le même intervenant. Par ailleurs, M.Hakem a souligné que les services des Forces navales, de la Gendarmerie nationale et des gardes-côtes effectuent un travail H24 pour remédier à la situation chaotique. En effet, il existe plus de 24 centres de surveillance tout au long des côtes. «L'Algérie a connu un sérieux accroissement de cette situation depuis l'année 2007. Actuellement, on dispose de moyens pour avoir le plus d'informations possible sur les personnes et, notamment les réseaux qui organisent le départ vers la mort», a -t-il affirmé. Concernant les opérations de sauvetage, M.Hakem a estimé que tous les bâtiments des Forces navales sont équipés de moyens matériels et humains dont des cellules d'écoute psychologique qui prennent en charge les survivants éventuels d'un drame annoncé. Lors des interrogatoires, ces personnes ignorent totalement qui les a embarqués, a-t-il encore relevé. L'Espagne et l'Italie sont les premières destinations de ces harragas. Dans ces pays, ils sont vite récupérés par des réseaux mafieux, notamment de la drogue et des armes, a déploré M.Zerir. Rappelons que l'année 2007 a été des plus meurtrières en Algérie pour ces candidats à la mort. Quelque 94 personnes ont, en effet, trouvé la mort dont 54 n'ont pas été identifiées alors que plus de 1568 ont été arrêtées, a souligné M.Hakem. Selon les Forces navales, plus de 2300 émigrants clandestins algériens ont été secourus en pleine mer ou interceptés sur les côtes au cours des trois dernières années. D'autre part, quelque 371 personnes ont été arrêtées par les services de sécurité et 918 par les gardes-côtes. Parallèlement, a indiqué M.Zerir, l'Algérie ne reste pas indifférente dans la lutte contre le terrorisme. Depuis 2001, tous les moyens peuvent être utilisés à des fins terroristes, notamment l'avion et le bateau. Dans cette optique, l'Algérie a pris ses précautions. Dans ce domaine, les Forces navales appliquent la loi «Isps Code», un texte international qui a été signé par de nombreux pays pour lutter contre le terrorisme.