Depuis le mois de novembre dernier, pas un gramme de farine n'a été acheminé vers les camps des réfugiés. La situation est sur le fil du rasoir dans les camps des réfugiés sahraouis. «Nous sommes dans une situation critique», commente Bouhabeini Yahia, président du Croissant-Rouge sahraoui (CRS). Trois raisons principales sont à l'origine de cette situation qui risque de faire émerger une crise humanitaire. Primo, «nous n'avons pas encore pu reconstituer le stock de sécurité qui a été déjà consommé depuis octobre 2006». Secundo, le président du CRS explique également que le Programme alimentaire mondial (PAM) n'a pas encore finalisé d'une manière définitive son programme d'aide humanitaire pour l'exercice 2008/2009. Lequel retard n'a pu avoir que des conséquences néfastes sur la situation humanitaire dans les camps des réfugiés sahraouis. Le programme humanitaire du PAM pour l'exercice 2008/2009 devait débuter le mois de janvier 2007. En toile de fond, l'acheminement des aides se pose encore comme un éternel problème, avec comme dose de contraintes, des pressions exercées sur les pays donateurs, destinées à mettre les Sahraouis, de nouveau, dans le gouffre d'une crise humanitaire. Des produits de première nécessité, tel le lait, les pâtes, le riz et le sucre, tardent encore à arriver aux camps des réfugiés sahraouis, menacés, une fois de plus, par le spectre d'une famine qui risque sérieusement de prendre corps. Depuis le mois de novembre dernier, pas un gramme de farine n'a été acheminé vers les camps des réfugiés. A quelques jours seulement du jour de distribution des aides, soit début mars, le Croissant-Rouge sahraoui semble être en quête d'arguments en mesure de justifier les retards auprès de la population. Les stocks ne contiennent que quelques quantités de lentilles et de l'huile végétale. «Nous avons lancé une demande d'aide urgente à la communauté internationale et nous n'avons eu qu'une réponse de la part du gouvernement italien et du Croissant-Rouge algérien», révèle encore le président du CRS. En attendant, la malnutrition et l'anémie continuent de faire des ravages parmi les Sahraouis. Le 8 mars prochain, une étude nutritionnelle, appuyée par l'Echo (Office humanitaire de la Commission européenne) et l'Agence espagnole de coopération, devra être lancée aux fins d'évaluer la situation sanitaire dans les camps des réfugiés sahraouis. La dernière enquête nutritionnelle a été faite en 2005 et a révélé un taux de 76% d'anémie chez les femmes enceintes et 66% chez les filles et femmes âgées entre 14 et 45 ans. Les aides destinées aux Sahraouis et assurées par le PAM ont été réduites, pour des raisons inexpliquées, de 22%, laissant planer encore moult questionnements sur la responsabilité des Nations unies dans le drame sahraoui. A l'autre bout du territoire sahraoui, occupé par le Maroc, les richesses de ce peuple livré à la famine, sont exploitées illégalement. Tout le problème est là. «Nous demandons simplement de récupérer nos richesses et qu'on mette fin au drame», conclut Bouhabeini Yahia.