Pour Aïssa Arab, la plupart des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur ont été satisfaites. Le porte-parole des dialoguistes, M.Aïssa Arab, a révélé, hier, qu'il avait demandé, au nom des membres qu'il représente, aux autorités de libérer tous les citoyens arrêtés et jugés en Kabylie. Dans une conférence de presse tenue, hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout, Aïssa Arab, en compagnie de Rabah Hamitouche et Kadri, a dénoncé avec force «les arrestations massives opérées par le pouvoir en Kabylie et que rien ne justifiait». Le porte-parole, qui affirme que le ministre de l'Intérieur, M.Yazid Zerhouni, est le premier responsable de cette situation dramatique, a fait savoir que les dialoguistes «n'ont pas encore reçu de réponse des autorités». Dans le même ordre d'idées, et manifestement irrité, le porte-parole s'en est pris avec véhémence au ministre de l'Intérieur en disant notamment que «Zerhouni aurait dû démissionner au mois d'avril 2001». A l'allure où vont les choses, «il devrait être condamné pour crimes contre l'humanité (sic.)». Commentant la situation qui prévaut en Kabylie, M.Aïssa Arab a estimé que «des partis politiques veulent prendre la tête d'un mouvement citoyen légitime pour y introduire des mots d'ordre étrangers aux revendications des citoyens». Sans les citer nommément, le porte-parole des dialoguistes accuse le RCD et le FFS de vouloir instrumentaliser le mouvement en faisant perdurer l'émeute. Dans ce contexte, M.Hamitouche a affirmé que «des listes de candidats indépendants aux législatives se préparent en Kabylie par ces partis qui, pourtant, demandent, par ailleurs, le boycott du prochain scrutin». Résumant la situation, M.Kadri a déclaré qu'il y a sur le terrain en Kabylie deux logiques: celle du pouvoir caractérisée par des arrestations massives, et celle de l'émeute que manipulent des partis auxquels profite le pourrissement de la situation. Mais d'après Rabah Hamitouche, «c'est la carte géopolitique du pays qui se dessine sur le dos de la Kabylie». Pour les trois dialoguistes, plusieurs partis, sans parler des personnes, trouvent leur compte dans la dégradation que subit cette région depuis une année. En effet, font-ils remarquer, «la situation est à deux doigts du pire... Hier (lundi, Ndlr), sept personnes se sont suicidées à Tizi Ouzou». Abordant les revendications citoyennes, le porte-parole a rappelé que la plupart des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur ont été satisfaites. Selon lui, quatre des acquis arrachés auraient ramené le calme, à savoir la constitutionnalisation de tamazight, le départ des gendarmes, l'indemnisation des victimes et le programme spécial pour la Kabylie. Mais, regrette-t-il, «l'embrasement de la région ne veut pas s'éteindre». «Cette situation participe, dira-t-il, de la volonté de la maintenir otage pour des objectifs inavoués». Deux parties sont responsables de ce que M.Arab nomme «un crime national». La première partie est constituée du pouvoir qui ne veut pas que le calme se rétablisse en Kabylie, l'autre englobe ceux qui manipulent les émeutiers. A signaler, enfin, que la frontière entre ces deux parties est tellement mince que les différencier devient souvent impossible.