Silence on tue. A Ghaza, un début de solution finale, de type fascisante et génocidaire, est en train de se mettre en oeuvre et le monde entier assiste muet, complice, faisant preuve d'impuissance et de lâcheté. Chacun faisant diversion avec d'autres questions ou prétextes. Même l'Autorité palestinienne a mis une semaine pour se résoudre au bon sens. Le président de l'Autorité palestinienne a suspendu les négociations de paix et «toute forme de contacts à tous les niveaux avec les autorités israéliennes», a annoncé, dimanche 2 mars, son porte-parole. Pour dénoncer l'offensive meurtrière en cours dans la bande de Ghaza, qui y a fait plus de soixante-dix morts en deux jours, dont une vingtaine de femmes et d'enfants. Que se passe-t-il? A quelques mois de la fin de son mandat, l'actuel président des USA et son administration semblent plus que jamais jouer aux apprentis sorciers et créer une situation chaotique dans la région. La situation est plus que préoccupante. Certes, des actions non conformes aux vrais principes islamiques, actes irréfléchis et contre-productifs comme le fait de lancer des roquettes aveuglément, donnent l'occasion à l'occupant de déployer sa brutalité. Mais le droit à la résistance est intangible et légitime. Reste à le pratiquer de manière intelligente et juste. Le monde arabe si peu démocratique n'arrive même pas à préserver les acquis de la concertation et de l'action commune, ni à expliquer son offre de paix, fixée depuis 2002. Il se perd dans des querelles intestines et s'enfonce dans l'innommable. Les spéculations et conditions invraisemblables au sujet du prochain sommet, prévu ce mois à Damas, en sont le reflet. La dernière décision des ministres de l'Information arabes au sujet des médias dans le monde arabe, qui vise telle ou telle chaîne satellitaire, reflète aussi le désarroi des dirigeants. Coincés entre ceux qui émettent des fatwas diaboliques et jettent de l'huile obscurantiste sur le feu, comme Al Jazeera et aussi les autres chaînes dites religieuses qui déforment l'Islam et, d'un autre côté, celles qui pervertissent les moeurs comme Rotana et les chaînes occidentales, l'opinion arabe est perdue ou soumise à des lavages de cerveaux. Les chaînes dites nationales pratiquent la langue de bois et la propagande d'un autre âge qui poussent les jeunes au désespoir. Ce qui attend les peuples arabes semble pire que tout ce qui a été vécu auparavant. On ne sait pas ce qui se trame chez les grandes puissances. Dans l'attente. Il n'y a pourtant pas d'alternative à la paix et au vivre-ensemble avec l'Occident et les gens du Livre, mais la question est politique, car c'est une question de justice et de droit, logiques qui sont bafouées. De ce fait, toute forme d'appel au dialogue est considérée comme si peu engagée dans le réel. Plus encore, sans Etat de droit dans le monde arabe, sans libération de la parole et sans appui sur les compétences, nous serons recolonisables, comme disait Malek Bennabi. Nous avons des amis en Occident, il ne faut pas les désespérer en pratiquant la fuite en avant et l'extrémisme sous toutes ses formes, celui du mutisme ou celui de la surenchère. Prendre la parole relève de la dignité et de la survie. Cela doit se faire dans le discernement, avant qu'il ne soit trop tard. La cause est juste et le remède est interne. Cela signifie que le changement à cette situation, sans populisme, dépend de la capacité à compter sur ses propres forces: les citoyens. (*) Professeur des Universités