Hugo Chavez a donné une gifle aux chefs d'Etat arabes en décidant d'expulser l'ambassadeur d'Israël à Caracas et en qualifiant l'Etat hébreu d'« assassin » et de « génocidaire ». Une réaction qui tranche totalement avec celle des pays musulmans, notamment ceux qui entretiennent des relations avec Israël. Jusqu'à quand les régimes vont-ils continuer à être sourds à la colère de la rue ? Les images choquantes et insoutenables d'enfants et de femmes déchiquetés par les bombardements israéliens à Ghaza, diffusées en boucle par de nombreuses chaînes de télévision, ont dévoilé au monde entier la politique génocidaire pratiquée par l'Etat hébreu contre le peuple palestinien. La seule réaction à un tel massacre est venue non pas des régimes arabes, mais d'un lointain pays situé en Amérique latine et qui a pour nom le Venezuela. Mardi soir, il a créé l'événement en ordonnant publiquement l'expulsion de l'ambassadeur d'Israël à Caracas, pour protester contre l'offensive israélienne à Ghaza, qualifiée de « génocide » par le président Hugo Chavez, qui avait la veille dénoncé l'offensive terrestre dans la bande de Ghaza, allant jusqu'à qualifier l'Etat hébreu d'« assassin » et de « génocidaire ». H. Chavez est allé plus loin en déclarant à la presse, à l'occasion de sa visite à un hôpital de chirurgie infantile à Caracas : « Le président d'Israël devrait être traduit devant la Cour pénale internationale, aux côtés du président des Etats-Unis, s'il y avait des scrupules dans ce monde. » Pour lui, l'armée israélienne a fait preuve de « lâcheté » en s'attaquant à « un peuple sans défense, endormi, innocent », avant d'exiger « l'arrêt immédiat de l'invasion de la bande de Ghaza et de l'assassinat de milliers d'innocents ». Il a précisé qu'« Israël agit comme le bras armé de l'empire yankee » tout en accusant les Etats-Unis de « soutenir et d'impulser » les attaques contre Ghaza. Le président vénézuélien s'est adressé aux Israéliens en leur disant : « Mettez votre main sur votre cœur et regardez bien vos enfants. Il faut que vous manifestiez votre opposition à cette barbarie parce que je sais que les juifs refusent toute forme de répression, s'opposent à l'holocauste. N'est-ce pas ce qui se passe à Ghaza ? » Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères vénézuélien a rendu public, 24 heures plus tard, un communiqué dans lequel il a expliqué que « le Venezuela a décidé d'expulser l'ambassadeur d'Israël, Shlomo Cohen, et une partie du personnel de l'ambassade d'Israël », réaffirmant « son attachement à la paix et son exigence de respect du droit international ». Le chef de la diplomatie du Venezuela a accusé Israël de se livrer à « de flagrantes violations du droit international et une utilisation planifiée du terrorisme d'Etat » et à « des actes de nazisme plus terrifiants que l'holocauste » contre le peuple palestinien. Dans une déclaration à Al Jazeera, il a indiqué qu'Israël a « défié le monde » en bombardant « délibérément » une école onusienne à Ghaza avec des moyens militaires sophistiqués. Le ministre s'est attaqué à l'administration sortante de George W. Bush, « responsable de ce qui se passe actuellement en Palestine », accusant les USA et Israël d'avoir « empoisonné » le défunt président Yasser Arafat et « engagé le blocus » contre Ghaza, avant de lui faire subir le déluge de bombes depuis deux semaines, qu'il a qualifié « d'actes criminels ». Dans la même foulée, le gouvernement de Caracas a indiqué qu'il ferait pression aux Nations unies « pour que le Conseil de sécurité prenne des mesures urgentes afin d'arrêter l'invasion d'un territoire palestinien par l'Etat israélien », précisant qu'« en cette heure tragique et qui suscite l'indignation, le peuple du Venezuela manifeste sa solidarité sans faille avec l'héroïque peuple palestinien », tout en mettant l'accent sur « l'horreur de la mort d'enfants et de femmes innocents ». Le gouvernement vénézuélien a rappelé son opposition à « l'antisémitisme comme à tout type de discrimination et de racisme », avant d'exhorter « le peuple juif à s'opposer aux politiques criminelles de l'Etat d'Israël qui rappellent les pires pages de l'histoire du XXe siècle ». Cette réaction tranche totalement avec le silence complice des régimes arabes face aux souffrances des Palestiniens, notamment ceux qui entretiennent des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. Aucun d'entre eux n'a eu le courage d'exprimer ce que la rue arabe ressent profondément. Hugo Chavez leur a donné une gifle en décidant, de son lointain pays et en dépit des relations commerciales assez importantes qui lient son pays à Tel-Aviv, d'expulser l'ambassadeur israélien. En fait, Hugo Chavez, devenu le président le plus populaire dans le monde musulman, a été plus sensible à la tragédie des Palestiniens que les chefs d'Etat arabes. Ces derniers semblent impuissants, voire réduits au silence ; certains, comme l'Algérie, ont tellement peur de la rue qu'ils ont déployé tous les moyens répressifs pour empêcher leurs citoyens d'exprimer leur solidarité avec le peuple de Ghaza. Vendredi prochain sera une journée de colère de la rue arabe. Les régimes qui persistent à étouffer ces cris de douleur seront mis à rude épreuve. Pour une fois dans l'histoire, auront-ils suffisamment d'intelligence pour être à l'écoute de leurs peuples ?