Une hausse de la production pour juguler la flambée des prix du baril de pétrole est exclue. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a affirmé, hier, qu'en tant Algérien, il serait favorable à une baisse de la production aujourd'hui. Chakib Khelil prévoit même une baisse de la demande. Lundi, Chakib Khelil a exclu une hausse de la production pour juguler la flambée des prix du baril de pétrole qui ont frôlé hier les 104 dollars. Un nouveau record jamais atteint même pendant le deuxième choc pétrolier, si l'on tient compte de l'inflation. Dès son arrivée dans la capitale autrichienne, M.Chakib Khelil a déclaré que l'Opep allait choisir entre «un maintien ou une baisse» de production. Et comme pour mieux entretenir le suspense, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi, membre très influent de l'Organisation, s'est voilé dans un silence qui rend encore plus énigmatique la décision finale qui sanctionnera la réunion d'aujourd'hui. «Je ne pense pas que nous ayons besoin de toucher pour l'instant à la production», a estimé le président de la compagnie nationale pétrolière libyenne, M.Choukri Ghanem, qui porte aussi la casquette de ministre du Pétrole. Son homologue, le ministre de l'Energie du Qatar, Abdallah Al Attyah, s'est montré quant à lui plus évasif: «Le marché est bien approvisionné, il n'y a pas un gros besoin de pétrole», a-t-il fait constater. Le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole y voit d'autres facteurs à cette course folle qui propulse vers des sommets les prix du baril de pétrole. «Je ne pense pas qu'augmenter la production maintenant aurait un impact sur les prix», a indiqué le ministre algérien de l'Energie et des Mines. Pour M.Chakib Khelil, les records historiques, qui ne cessent d'être battus sont dus «aux pressions des investissements dans le pétrole et les autres matières premières, mais aussi à la dévaluation du dollar». La Bourse est mal en point et les événements géopolitiques n'arrangent guère les choses. Tous ces facteurs n'épargnent pas le marché pétrolier, selon M.Khelil. Il est vrai que les prix du baril de pétrole ne se sont jamais aussi bien portés. Il faudrait, cependant, tempérer cette hausse, considérée comme historique, et prendre en compte la sévère glissade du billet vert devant son rival européen, 1,52 dollar pour un euro. «Rien ne change: le dollar est toujours faible, les fonds spéculatifs arrivent et donnent un coup de fouet au marché», a fait remarquer Mike Fitz Patrick, analyste au cabinet MF Global. Les investisseurs munis de devises fortes spéculent. Le brut qui est vendu en dollars devient ainsi moins cher pour eux. Par ailleurs, l'instabilité des Bourses les poussent à plus se diriger vers le marché des matières premières, selon les constats faits par les analystes. Ils demeurent, eux aussi, suspendus à la décision qui sera prise par les pays membres de l'Opep, aujourd'hui. «L'Opep ne bougera pas au vu des prix actuels du marché», a pronostiqué Eric Wittenauer (AG Edwards). Une baisse de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole n'est pas à écarter. «Le marché envoie le signal que ce serait un événement qui ne serait pas le bienvenu», a indiqué Lawrence Eagles, chef analyste de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). L'Opep devrait penser dans un premier temps à sauvegarder les intérêts des pays membres.