Les Occidentaux commencent à faire pression sur le Royaume wahhabite pour que la réduction de la production pétrolière de l'Opep ne soit pas trop importante. L'heure de vérité. C'est demain que les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole décideront, à Vienne, en Autriche, de leur nouvelle offre. Le président en exercice de l'Opep plaide pour «une réduction importante». Elle pourrait atteindre les 3 millions de barils par jour. L'Iran, 4e producteur mondial de brut plaide pour une réduction qui se situerait entre 2 et 2,5 millions de barils par jour. Son ministre du Pétrole, qui a tenu une conférence de presse (mardi), il y a deux jours à Téhéran, estime que c'est largement suffisant pour stabiliser le marché. «Compte tenu de la baisse de 8 à 10% de la demande et l'état des stocks de pétrole, je pense qu'une baisse de l'offre de 2 à 2,5 millions de barils par jour peut stabiliser le marché» a déclaré aux journalistes Gholam Hossein Nozari. Un argument qui semble très proche de celui défendu par l'Algérie et son ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil. Une position que ne manquera pas de renforcer le Vénézuela qui prône, d'ores et déjà, une forte réduction du quota de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole pour soutenir les cours de l'or noir. La dissonance pourrait provenir des pays du Golfe qui prêtent en général une oreille attentive aux préoccupations des pays consommateurs. Ces derniers vivent sous la crainte de voir leur croissance handicapée par un prix du pétrole trop cher. Cela les conduirait à réduire leur consommation de pétrole brut. Il est a noter cependant, que c'est surtout la position de l'Arabie Saoudite qui est la plus attendue. Ryadh a jusqu'au jour d'aujourd'hui gardé le silence. Membre extrêmement influent au sein de l'Organisation et grand ami devant l'Eternel, des Etats-Unis, le Royaume wahhabite militerait plutôt pour une réduction qui ne dépasserait pas le million de barils par jour. Au Royaume du Roi Fahd, l'on soutient qu'une flambée des prix de l'or noir n'est pas à écarter si la réduction de la production n'est pas mesurée. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines n'y serait pas défavorable à condition que la poire soit partagée en deux: les pays hors Opep comme la Russie ou la Norvège, participeraient dans un tel cas à l'effort, en baissant à leur tour leur production du même volume. Ce scénario est-il à écarter? Le secrétaire général de l'Opep qui était en visite à Moscou, hier, a affirmé qu'il ne solliciterait pas le président russe pour qu'il procède à la réduction de la production de pétrole de son pays. «Je vais rencontrer le président Medvedev, aujourd'hui. Je ne demanderai pas à la Russie de réduire la production. Je lui demanderais d'échanger des informations concernant la situation sur le marché et la crise financière», a confié Abdallah Salem El Badri. Le baril de pétrole a continué sa dégringolade en attendant la réunion de demain. Le baril de «Light Sweet Crud» est de nouveau repassé sous la barre des 70 dollars en milieu de matinée. Il cotait 69,44 dollars alors que le baril de Brent de la mer du Nord, affichait 68,88 dollars. Le billet vert a plus que repris des couleurs. L'euro est passé sous le seuil des 1,30 dollars retrouvant son niveau d'il y a une année et demie. Le baril de pétrole est entré dans sa phase la plus critique de l'année 2008.