L'Iran a jugé «illégale» la nouvelle résolution de l'ONU lui infligeant des sanctions à cause de son programme nucléaire, accusant les grandes puissances de manipuler le Conseil de sécurité et d'affaiblir le rôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). La résolution est «complètement illégitime et illégale», a dit l'ambassadeur iranien à l'ONU, Mohammed Khazaee, quelques minutes avant l'adoption de ce texte à New York, lundi soir. «La nouvelle résolution renforçant les sanctions contre Téhéran résulte en un affaiblissement de l'Aiea», a dit pour sa part, après le vote, l'ambassadeur iranien auprès de l'agence, Ali Asghar Soltanieh, cité par l'agence Isna. La presse iranienne a fait l'impasse sur le sujet hier, et aucune personnalité iranienne de premier plan n'avait encore réagi à la mi-journée. Le sujet était aussi absent des grands titres du journal de la télévision d'Etat. Le président de la Commission des Affaires étrangères et de la sécurité nationale, Allaedine Boroudjerdi, a assuré que la résolution 1803 n'avait «pas de base légale», et n'était «pas conforme à la logique des règles de l'Agence (Aiea) et du Traité de non-prolifération». Cette résolution n'est «ni acceptable, ni applicable», a-t-il dit, hier, à l'agence Isna. Dans le texte adopté à la quasi-unanimité -14 voix pour, une abstention -, le Conseil a alourdi le régime de sanctions économiques et commerciales qu'il avait mis en place à l'égard de l'Iran dans deux résolutions précédentes, en décembre 2006 (1737) et mars 2007 (1747). Pour M.Khazaee, cette «décision injuste et irrationnelle» du Conseil illustre «l'amère réalité que la position du Conseil de sécurité est rabaissé dans une certaine mesure pour servir d'instrument à la politique étrangère de quelques pays». La Russie, membre permanent du Conseil et réputée réticente à sanctionner l'Iran, n'en a pas moins qualifié la résolution de «signal politique fort lancé à Téhéran sur la nécessité de coopérer». Pour la Chine, elle aussi perçue comme a priori opposée à des mesures trop dures, «l'objectif n'est pas de punir l'Iran, mais de pousser à la reprise du dialogue et à réactiver une nouvelle session d'efforts diplomatiques». Les Etats-Unis, quant à eux, ont vu dans ce vote la preuve que le Conseil reconnaissait «la menace persistante posée par le programme nucléaire iranien». Les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne ont demandé au diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, de rencontrer sans tarder le négociateur du nucléaire iranien, Saïd Jalili, pour tenter de sortir de l'impasse.