Lentement mais sûrement, les capitaux arabes découvrent les chemins de l'investissement en Algérie. L'investissement arabe en Algérie est encore timide, mais le fait qu'en l'espace de moins de deux ans, un forum réussisse à rassembler à Alger plus d'une centaine d'hommes d'affaires arabes prouve tout l'intérêt que ces derniers portent à l'économie algérienne. L'autre point sur lequel on n'insiste pas assez, c'est le fait que les capitaux provenant des recettes des hydrocarbures inondent les banques occidentales et sont utilisés parfois contre les intérêts du monde arabe, alors même que de larges contrées arabes connaissent le sous-développement, voire la misère, et ce malgré les potentialités que recèlent le sol et le sous-sol arabes. Le Président Abdelaziz Bouteflika, qui a inauguré cette rencontre, a eu raison, en parlant des investissements directs étrangers qui atteignent 1.300 milliards de dollars dans le monde, essentiellement en direction des pays du Nord, d'affirmer qu'il est anormal que près de 800 milliards de dollars arabes soient entreposés dans les banques occidentales, «alors même que ces flux restent très faibles en direction des pays arabes et sont mal répartis». Après avoir rappelé que les textes de loi ont été modifiés pour favoriser le passage à l'économie de marché, encourager les privatisations et les investissements, le Président a tout de même averti que le véritable changement ne réside pas dans les textes de loi, mais dans les mentalités et dans «la culture de l'économie de marché», avant d'inviter les hommes d'affaires arabes à venir investir en Algérie, et ce, selon la forme qui leur convient: soit en partenariat avec le secteur public, soit en s'associant avec les privés, soit même à titre indépendant. Aucune limite n'est donc fixée à l'investissement direct arabe en Algérie. Pour mieux étayer ses dires, le Président de la République a affirmé que près de 500 millions de dollars ont été investis en Algérie en 2001 hors hydrocarbures, et qu'en 2002, on prévoit une enveloppe de 4 milliards de dollars US, ce qui place l'Algérie en tête des pays où l'investissement direct étranger est réalisé, par rapport aux pays voisins. Ce qui manque surtout à la coopération arabo-algérienne, c'est un cadre de concertation et des lieux de rencontres. Autrement dit, il y a tout un lobbying à mettre en place, et des réseaux par lesquels peuvent transiter les flux de capitaux. L'initiative prise par le groupe libanais El-Iktissad oual Aamel (Economie et affaires), qui a trouvé un large écho auprès du ministère algérien de la Participation et de la Coordination des réformes, a été largement appuyée par la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci). Spécialisé dans l'organisation de réunions de haut niveau, M.Raouf Abou Zaki, président du groupe El-Iktissad oual Aamel, qui édite une revue économique portant le même titre, a annoncé qu'un colloque semblable à celui de Davos, et regroupant plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement à l'échelle du monde arabe, aura lieu à Beyrouth le 23 mai prochain. En d'autres termes, les choses se mettent progressivement en place pour que la pluie bénéfique des capitaux arabes viennent féconder la terre arabe. De nouveaux instruments voient le jour dans les domaines bancaires et financiers, des échanges à différents niveaux ont lieu, et des lobbies, quoique encore timides, voient le jour. Ils sont appelés à jouer un rôle de premier ordre dans un avenir plus ou moins proche. Du reste, l'énoncé des ateliers qui vont plancher aujourd'hui toute la journée donne une idée des secteurs qui sont concernés. Ce sont les banques et institutions financières, l'agroalimentaire, la chimie-pharmacie, les matériaux de construction et promotion immobilière, et enfin les services et hôtellerie.