La création d'une institution chargée des grands projets d'investissement s'impose. Les investisseurs arabes sont attirés beaucoup plus par les grands projets en Algérie. Malgré les efforts consentis par la diplomatie algérienne, et les bonnes intentions affichées par nos voisins, les hommes d'affaires arabes sont sceptiques lorsqu'il est question de placer une partie de leurs capitaux dans notre pays. Les investissements arabes ont atteint seulement 10 milliards de dollars au premier semestre 2007. «Les blocages se situent au niveau des crédits bancaires et du foncier», a reconnu hier le directeur de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), Brahim Bendjaber. S'exprimant lors d'une conférence de presse à l'occasion du 3e Forum des investisseurs arabes prévu pour les 20 et 21 de ce mois à Alger, M.Bendjaber a révélé que l'investissement du groupe Emmar (25 milliards de dollars) reste au stade de l'intention. Ce groupe n'a toujours pas démarré ses projets. Or, selon le conférencier, les secteurs qui nécessitent des investissements sont ceux de l'agroalimentaire, de l'artisanat, de la pétrochimie et du tourisme. D'ailleurs, a-t-il affirmé, Alger qui abrite actuellement seulement cinq hôtels à cinq étoiles, a besoin d'au moins 20 hôtels de ce genre pour développer le secteur. Notre pays compte atteindre 40 milliards de dollars d'investissements directs étrangers (IDE). Ces derniers peuvent dépasser les 50 milliards de dollars cette année. L'Algérie se tourne donc de plus en plus vers des investisseurs arabes pour «booster» un peu plus l'économie nationale en pleine mutation. C'est du moins ce qui est espéré, à l'occasion de ce forum. «L'engouement des hommes d'affaires arabes est certain mais il reste modeste par rapport aux opportunités qu'offre le marché national», a relevé M.Bendjaber. Parmi les facteurs limitatifs à l'investissement arabe en Algérie figure, cependant, en bonne place, la méconnaissance du marché algérien. En effet, nombre d'hommes d'affaires arabes en sont encore restés, en ce qui concerne notre pays, à l'ère de l'économie dirigée. Le représentant du groupe libanais El Iktissad Wal Amel, qui prend part à l'organisation de ce forum, a soulevé, pour sa part, les problèmes de la bureaucratie et du foncier. Il a pourtant présenté des statistiques intéressantes en matière d'investissement libanais en Algérie. En 2000, a-t-il souligné, il n'y avait aucun investisseur libanais. Aujourd'hui, ils sont plus de 50 sociétés libanaises activant en Algérie dans divers secteurs, entre autres, celui de la production des matériaux de construction. Il ajoutera qu'une dizaine d'entreprises tunisiennes sont actuellement opérationnelles en Algérie. Lors d'une conférence de presse tenue au mois de novembre 2007, le même représentant a proposé la création d'une institution chargée des grands projets d'investissement. Actuellement, c'est le Conseil national de l'investissement (CNI) qui est chargé d'agréer les projets d'investissement et l'Agence nationale de développement des investissements (Andi). Par ailleurs, les échanges commerciaux entre les pays arabes demeurent très faibles, estiment les deux intervenants. Ces derniers représentent seulement 2%. Le monde arabe ne récolte que 1,94% du stock d'investissements. Par ailleurs, le 3e Forum des investisseurs arabes regroupera plus de 200 opérateurs étrangers dont une cinquantaine de chefs d'entreprises qui se sont déjà installées. Une dizaine de ministères et près de 270 opérateurs algériens ont confirmé leur participation.